Boris Vian aurait eu 100 ans !

Son immense œuvre littéraire ne sortira de l’ombre que dans les années 1960. Elle est devenue incontournable. © Isopix

Mort à 39 ans, l’artiste avant-gardiste laisse derrière lui une œuvre foisonnante à l’humour caustique et à l’inventivité inépuisable. Le documentaire «Boris Vian, un cœur qui battait trop fort» lui est consacré ce vendredi en deuxième partie de soirée, sur France 3.

À l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, France 3 consacre un documentaire à Boris Vian, génie touche-à-tout et pressé de vivre, qui avait toujours clamé qu’il «n’atteindrait pas les 40 ans».

Enfance créatrice

Écrivain, poète, critique et musicien jazz, chanteur, ingénieur, traducteur ou peintre, il passait de la lettre à la note et de la note au pinceau avec une ardente virtuosité. Il voit le jour le 10 mars 1920, à Versailles. Ce sont ses parents, bourgeois cultivés et fantaisistes, qui l’initient, lui et ses trois frères et sœur, à l’art.

Aisés, les Vian coulent des jours heureux dans leur villa près de Saint-Cloud. Mais le krach boursier de 1929 plonge la petite famille dans une relative misère. Contraints de vivre dans la maison du gardien, les Vian se réfugient dès qu’ils le peuvent dans une propriété dans le Cotentin. Cet univers réconfortant inspirera Boris pour son roman «L’Arrache-cœur», dans lequel il reproduira le jardin luxuriant qu’entretenait sa mère.

Grand cœur malade

À l’âge de 12 ans, le petit Boris est atteint de rhumatismes articulaires qui fragilisent son cœur. C’est irréversible. Le garçon sera désormais couvé par sa mère et vivra reclus, tout comme l’enfant Wolf de «L’Herbe rouge». Il regrettera en partie ce confort de vie qui l’a maintenu dans l’ignorance du monde, alors en guerre.

À 20 ans, il rencontre l’amour : Michelle Léglise. Elle sera Chloé dans «L’Écume des jours». C’est l’époque du jazz et des caves de Saint-Germain-des-Prés dans lesquelles il se complait. Il y rejoint ses amis Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ainsi que Raymond Queneau qui trouve Vian «très en avance sur son temps».

Désillusion

Pourtant, ses livres ne se vendent pas. Le prix de la Pléiade lui passe sous le nez. Son sulfureux roman noir «J’irai cracher sur vos tombes» fait scandale ! Coup de théâtre : le livre est retrouvé sur les lieux d’un crime sordide. Vian est accusé d’assassinat par procuration et risque la prison.

Endetté, son couple bat de l’aile. Tandis que Michelle se réfugie dans les bras de Sartre, il fait la connaissance de sa future femme : Ursula Kübler, danseuse suisse qu’il surnomme «l’Ourson». Les tourtereaux s’installent dans une chambre de bonne où Vian vit péniblement de ses traductions. Ironie du sort : il meurt d’une crise cardiaque en assistant à la première du film inspiré de son polar controversé.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/3/2020

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