Chapelles, synagogues, mosquées… De sacrés monuments !

L'abbaye troglodyte de Saint-Roman © Getty Images

Ce samedi à 20h50 sur Arte, le documentaire «Monuments sacrés» dévoile les secrets des édifices religieux autour du monde. Focus sur quelques-uns.

L’abbaye troglodyte du Gard

Beaucaire (Gard) accueille l’un des monuments sacrés les plus étonnants d’Europe : l’abbaye troglodyte de Saint-Roman (voir-ci-dessus). Perchée sur la colline de l’Aiguille, avec vue sur la vallée du Rhône, elle a été entièrement creusée dans le roc dès le Ve siècle. Chapelle, cellules, salles communes, nécropole à ciel ouvert, rien n’y manque. Elle a été d’abord habitée par des ermites, puis des moines. À la Guerre de Cent Ans, elle sera fortifiée par des fossés et une enceinte avant d’être abandonnée par les moines de Saint-Roman au XVIe siècle au profit d’Aigues-Mortes.

La mosquée-cathédrale de Cordoue

En 2006, pour 30 € et dans le plus grand secret, l’Église espagnole a acheté la mosquée-cathédrale de Cordoue (Mezquita de Córdoba). Elle a ainsi profité d’une ancienne législation franquiste de 1946.

Joyau de la culture arabo-andalouse, cet édifice accueille chaque année plus d’un million de visiteurs. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, il symbolise la coexistence harmonieuse des cultures islamique et chrétienne. Ancien temple romain, devenu église, puis transformé en cathédrale, il sera la plus grande mosquée de l’Occident du VIIIe au XIIIe siècle. Elle a été reprise aux musulmans par Ferdinand III de Castille en 1236, avec conversion du minaret en clocher.

Des chapelles d’artistes au soleil

Plusieurs artistes célèbres ont décoré des chapelles en France. À Vence, Henri Matisse a participé à l’érection et la décoration de celle du Rosaire de 1949 à 1951. Il le réalise à la demande de son ex-infirmière et amie, sœur Jacques-Marie, entrée au couvent des Dominicaines en 1946. Les religieuses utilisaient alors un ancien garage comme lieu de prière. Le peintre a employé trois couleurs (le vert, le jaune et le bleu) déclinées sur les vitraux et trois panneaux dessinés de céramique aux murs.

À Fréjus, en 1963, l’année de sa mort, Jean Cocteau a conçu les plans et la décoration de la chapelle Notre-Dame-de Jérusalem. Son fils spirituel, Édouard Dermit reprendra le flambeau à partir des dessins préparatoires, à l’aide d’un système de rétroprojecteur. En 1992, lors de sa rénovation, la chapelle a bénéficié enfin des mosaïques prévues selon les maquettes de Cocteau. Sa fresque La Cène comprend des portraits de lui, de son compagnon Jean Marais et de son amie Coco Chanel. Le poète a été inhumé dans la chapelle Saint-Blaise des Simples, à Milly-la-Forêt, qu’il avait aussi décorée, comme celle de Saint-Pierre-des-Pêcheurs, à Villefranche sur Mer.

La grande synagogue de Budapest

Mélange mauresque, byzantin et gothique, immense et joliment décorée, elle a été construite entre 1854 et 1859 par l’architecte viennois Ludwig von Förster. Il s’est inspiré du temple de Salomon et a intégré des techniques modernes : des piliers en acier trempé de soutien et un éclairage venu d’en haut.

La grande synagogue de Budapest est l’une des rares à avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale. Les nazis avaient établi un ghetto juif autour d’elle. Derrière l’édifice, un saule pleureur de granit et d’acier du sculpteur Imre Varga symbolise l’holocauste. Chacune des feuilles d’argent de cet arbre de vie comporte le nom d’une des victimes du ghetto. Dotée de 2.964 sièges, elle est la 2e plus grande synagogue au monde, après New York. Franz Liszt y a donné un concert. Elle est aussi une des très rares à disposer d’un orgue.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 9/4/2020

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