Histoire : d’Octave à Auguste

Image extraite du documentaire «Auguste, l’Empire entre guerre et paix» (Arte) © Arte/ORF

Ambitieux et sans scrupules, Octave, auréolé du titre d’Auguste, a apporté la paix à l’Empire romain qu’il a fondé.

Personnage ambivalent, Auguste laisse l’image d’un empereur aux deux visages.

D’un côté, il apparaît comme impitoyable, cruel et sans scrupules pour conquérir et conserver le pouvoir, n’hésitant pas à éliminer ses opposants, à divorcer de sa première épouse au moment même où celle-ci accouche de leur unique fille, ou à pousser son rival Marc Antoine au suicide.

De l’autre, il reste celui qui a su, après une longue période de guerre civile, amener la paix et la prospérité dans la Ville éternelle.

Samedi à 20.50 dans «Auguste, l’Empire entre guerre et paix», Arte dresse le portrait de cet héritier de Jules César, devenu fondateur de l’Empire romain.

Né en l’an -63 sur le mont Palatin, Octave, de son nom de naissance, est issu, par sa mère, de la famille des Julii. Petit-neveu de Jules César, celui-ci l’adopte et en fait son héritier, sans le lui signifier.

Après les sanglantes Ides de Mars, Octave, qui se fait alors appeler Octavien, doit néanmoins batailler pour s’imposer au pouvoir. Il l’emporte sur Marc Antoine et Cléopâtre à la bataille d’Actium en -31. Devenu seul maître de Rome, il accapare peu à peu tous les pouvoirs : militaire, civil et religieux.

Début du principat

Sans que les institutions traditionnelles ne soient modifiées, la République se mue en un nouveau régime, appelé «principat». Il s’agit en fait d’un «empire qui ne dit pas son nom», selon les termes de Fabienne Manière dans «Auguste, le maître du monde» (Herodote.net).

En -27, le «princeps civitatis» (soit le premier citoyen) reçoit le titre d’Auguste, auparavant donné aux dieux. Maîtrisant à la perfection les codes de la propagande, il cumule les titres d’Imperator, Caesar et Augustus.

Le premier empereur de Rome se révèle meilleur stratège sur la scène politique que sur le champ de bataille, où il préfère se reposer sur le brillant général Agrippa, son fidèle allié. Ainsi, sous son règne, Rome devient la plus grande puissance du monde connu. Les régions sur lesquelles l’Urbs ne règne pas directement deviennent des États clients, dirigés par des potentats locaux.

Auguste installe une paix durable au sein de l’Empire et mène des guerres à l’extérieur des frontières, tout en cherchant sans cesse à intégrer les peuples vaincus. En plus de ses réformes qui ont consolidé l’empire, Auguste ne lésine pas sur les moyens pour embellir sa capitale.

«Il se vanta avec raison d’avoir trouvé une ville de briques et d’en avoir laissé une de marbre», écrit Suétone dans sa «Vie des douze César». On lui doit les premiers thermes publics de Rome, le Panthéon, ou le mausolée d’Auguste (destiné à recevoir les cendres des membres de sa famille).

Difficile succession

Homme à la santé fragile, Auguste reste pourtant plus de quarante ans au pouvoir. N’ayant pas eu de fils, sa succession ne se fait pas sans heurts. Après la mort prématurée de ses potentiels héritiers (dont ses petits-fils), il choisit Tibère, fils aîné de sa fidèle épouse Livie (qui ne lui a pas donné d’enfant).

En l’an 14 de notre ère, le premier empereur romain s’éteint à 75 ans. Les sénateurs débattent des honneurs à accorder à l’illustre défunt. L’un d’eux suggère «de dénommer toute la période allant du jour de sa naissance au jour de sa mort, le siècle d’Auguste», raconte encore Suétone.

Preuve, s’il en fallait, que le premier Auguste a marqué son époque de son empreinte, lui dont le règne, inaugurant la dynastie des Julio-Claudiens, marque un tournant décisif dans l’histoire de la Rome antique.

Cet article est paru dans le Télépro du 5/5/2022

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