Histoire : le destin de Marie, reine de Roumanie

Image extraite du «Secrets d'Histoire» consacré à Marie de Roumanie © France 3/SEP/Laurent Menec

Petite-fille de Victoria d’Angleterre et du tsar de Russie, la reine Marie a marqué la Roumanie.

C’est une femme dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, mais qui est une véritable héroïne dans son pays : Marie de Roumanie. «Sa vie s’écrit comme une légende», affirme Stéphane Bern, qui lui consacre ce lundi à 21h10 sur France 3 un «Secrets d’Histoire». «Elle a tout. Une beauté à couper le souffle, l’audace d’une amazone, le sens du romanesque. Durant plus de plus de trente ans, cette souveraine a été la porte-drapeau d’un peuple qui la célèbre toujours comme une icône.»

De Windsor à Saint-Pétersbourg

Née en 1875, Marie de Saxe-Cobourg-Gotha grandit dans l’amour de deux familles. D’un côté il y a Grand-Maman Reine – la reine Victoria d’Angleterre -, de l’autre Grand-Maman Impératrice – l’épouse du tsar Alexandre II. La petite est surnommée Missy. Baptisée dans la chapelle privée du château de Windsor, elle passe ses vacances à Balmoral, à Cobourg ou chez les Romanov, dans le faste des palais de Saint-Pétersbourg. Missy a tout de la jeune fille parfaite. À tel point que sa grand-mère, Victoria, envisage de la donner en mariage à un autre de ses petits-enfants : le duc d’York, futur George V. Marie deviendrait ainsi reine consort d’Angleterre. Mais sa mère s’y refuse. Élevée dans la religion orthodoxe, elle ne voit pas d’un bon œil le mariage entre cousins.

Une femme d’influence

Une autre union est rapidement décidée. Marie épousera Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, héritier du trône de Roumanie. Elle a 16 ans et cela va s’avérer compliqué. Bucarest n’est pas Londres. Loin s’en faut. Marie donne un premier héritier au trône neuf mois après ses noces. Elle aura six enfants en dix ans. Mais elle ne trouve pas sa place. Son mari semble n’avoir aucune personnalité. Il est sous la coupe de son oncle, le roi Carol, un homme austère et sévère qui n’apprécie guère les quelques frivolités de la jeune femme. Il faut attendre la Première Guerre pour que Marie s’impose. En 1914, Carol envisage de se ranger du côté de sa patrie d’origine, l’Allemagne. Mais le peuple roumain, très francophile, est plutôt pour le camp adverse. Carol, atteint d’un cancer, meurt dans les premières semaines de la guerre. Ferdinand, qui lui succède, ne sait trop comment se positionner. Marie use de toute son influence pour que son époux prenne le parti des Alliés : la France, l’Angleterre et la Russie. En 1917, après la révolution russe, Ferdinand est encore tenté de signer une paix séparée avec l’Allemagne, mais Marie réussit à l’en dissuader.

Le cœur dans les Carpates

En 1918, à la fin de la guerre, la Roumanie fait donc partie du camp des vainqueurs. Marie sera la seule monarque à venir négocier elle-même pour son pays à la Conférence de la Paix de Paris, qui prépare le Traité de Versailles. Elle obtient un important agrandissement de territoire, faisant de la Roumanie la première puissance des Balkans. Fort de cette éclatante réussite, le couple royal est enfin couronné en octobre 1922. «C’est le seul moment de ma vie où je me suis mise à genoux devant mon mari», écrira Marie dans ses mémoires. Les Roumains ne s’y trompent pas : si Ferdinand est leur roi, c’est bien Marie qui est la véritable héroïne. En 1938, ils lui feront des obsèques dignes d’un général d’armée. Et en 2015, ils récupéreront son cœur, déposé par le pouvoir communiste dans un musée de Bucarest, afin de le transférer vers le château des Carpates où il avait battu pour la dernière fois.

Cet article est paru dans le Télépro du 20/1/2022

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