Histoire : qui étaient les mystérieux druides ?

Ils continuent de fasciner au XXIe siècle © Getty

Installés au sommet de la société celte, ces «très savants» n’ont laissé aucune trace écrite.

Popularisée par Panoramix dans la BD «Astérix» ou par Merlin l’enchanteur dans la littérature médiévale, la figure du druide est associée à un homme vêtu de blanc cueillant du gui avec sa serpe d’or et concoctant des potions magiques. Comment démêler la réalité du mythe qui l’entoure ? Le documentaire «Les Druides» (samedi 20.50, Arte) tente d’y répondre.

Née en Europe centrale, la civilisation celte s’étend, dans la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère, sur une grande partie du continent. Les peuples celtes – du moins ceux de Gaule et des îles britanniques – sont dirigés par une puissante classe sacerdotale, celle des druides. Ces «très savants», selon l’étymologie de leur nom, constituent l’élite intellectuelle : ils savent lire, écrire et maîtrisent le grec et le latin. Pourtant, ils privilégient la transmission orale et ne laissent aucun écrit ! Nos seules connaissances proviennent de l’archéologie et des sources gréco-romaines.

Savants avant tout

Pour Jean-Louis Brunaux («Les Druides. Des philosophes chez les barbares», Seuil), les druides sont avant tout des sages traitant de théologie, de morale et de politique, au même titre que les philosophes grecs ou les mages perses. «Les druides devaient assurément posséder un savoir incroyable», confirme l’archéologue Sabine Rieckhoff dans le documentaire. «Ils étaient si instruits qu’ils ne maîtrisaient pas uniquement les savoirs ancestraux qu’ils avaient eux-mêmes accumulés au fil du temps. Ils se sont aussi appropriés le savoir des autres.»

Ministres du culte, ils président les cérémonies et rituels au cours desquels ont parfois lieu des sacrifices humains. Mais leur tâche ne s’arrête pas là : ils sont aussi conseillers du roi, architectes, astronomes, médecins, guérisseurs, juristes – ils tranchent les litiges et jugent les crimes – et surtout enseignants ! Et la combinaison de toutes ces fonctions leur confère une place influente dans la société celte.

Déclin et disparition

«Très actifs en Gaule entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C., les druides subissent par la suite une érosion de leur puissance», écrit Bruno Dumézil dans «Merlin, un druide peut-être pas à sa place». «Lorsque César les évoque dans sa «Guerre des Gaules», ils semblent déjà marginalisés. (…) Par la suite, rien ne prouve que Rome a interdit le druidisme. Mais lorsque l’empereur Auguste commence à largement distribuer la citoyenneté romaine aux notables gaulois, les druides perdent la meilleure part de leur clientèle : les fils de bonne famille iront désormais à l’école du rhéteur romain, et non plus à celle du sage gaulois. Nos druides opèrent alors une reconversion professionnelle en se faisant spécialistes de la magie et de la divination.»

Durant des siècles, les druides ont constitué l’élite spirituelle et temporelle de ces peuples celtes, dont la culture ne résiste pas à la conquête romaine de la Gaule, ni, plus tard, à la christianisation de l’Irlande. Ils finissent par disparaître, en emportant avec eux leurs secrets…

Idées reçues

Les menhirs et les dolmens, les «autels des druides», sont associés aux Celtes. Œuvres de populations antérieures, ils datent pourtant du néolithique. «Les Celtes n’ont jamais taillé de menhirs ni construit de dolmens, même s’ils ont réutilisé certains sites considérés comme sacrés», explique Jean Markale dans «Druides : pour en finir avec le folklore».

De même, la cueillette du gui, si elle est bien décrite par Pline l’Ancien, est une image bien réductrice du druide. Concernant la serpe d’or, «il est impossible de couper quoi que ce soit avec un outil en or pur, car c’est un métal mou. Il faut donc rectifier et imaginer une faucille en bronze, ou en fer, recouverte d’une feuille d’or.»

Cet article est paru dans le Télépro du 10/6/2021

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici