La Commune de 1871 : Paris à feu et à sang

Une bataille qui aura duré 72 jours en plein Paris © Arte/Cinétévé

Il y a 150 ans, en mars 1871, les quartiers ouvriers de la capitale française se soulèvent. Les insurgés forment un gouvernement populaire : la Commune de Paris. Ce mardi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «Les Damnés de la Commune».

«Le sol de Paris est inondé de sang et jonché de cadavres. Le spectacle est affreux. Il servira de leçon», écrit Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire, au terme de la révolution qui a embrasé la capitale française. 150 ans plus tard, Arte nous fait revivre la Commune de Paris, avec un documentaire adapté du roman graphique de Raphaël Meyssan.

Les événements qui ont secoué Paris au printemps 1871 trouvent leurs origines dès la fin des années 1860. Napoléon III, à la tête d’un Second Empire libéral, a confié au baron Haussmann la mission de moderniser la ville, repoussant les pauvres vers les faubourgs. Alors que la misère augmente, la contestation populaire gronde.

L’Empereur tente de détourner la colère sociale contre un ennemi extérieur et déclare la guerre à la Prusse de Bismarck. Mais le conflit vire au fiasco : Napoléon III est fait prisonnier à Sedan et les Prussiens assiègent la capitale. L’Empire est aboli et la République proclamée. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire, négocie avec la Prusse un armistice qui consacre la perte de l’Alsace et de la Lorraine.

Sentiment de trahison

Se sentant trahis, les Parisiens n’acceptent pas la défaite et entendent poursuivre le combat contre l’envahisseur. Mais Thiers décide de confisquer les canons achetés par souscription par les habitants. Le 18 mars, les troupes pénètrent dans Paris et se dirigent vers Belleville et Montmartre où les canons ont été mis à l’abri. C’est là, à l’emplacement de l’actuel Sacré-Cœur, que l’insurrection débute.

Rapidement, les Communards, désireux d’instaurer une république sociale, prennent le contrôle de la ville, tandis que les autorités fuient à Versailles. Le 26 mars, les insurgés organisent des élections et, deux jours plus tard, proclament la Commune lors d’une grande fête populaire. Son nom fait référence à la Commune insurrectionnelle qui renversa la royauté en 1792.

Guerre des barricades

Le nouveau pouvoir s’organise et vote des mesures sociales, de même qu’un décret séparant l’Église de l’État. Mais la Commune sera de courte durée. Dirigés par Mac-Mahon, les Versaillais poursuivent le siège de la ville, ardemment défendue par les Communards, qui érigent des barricades dans les rues. Une porte non gardée à l’ouest de Paris permet aux premiers, rejoints par 50.000 prisonniers que Bismarck a accepté de libérer, de pénétrer dans la capitale le 21 mai et de refouler les seconds dans l’est de la ville. C’est le début de la «semaine sanglante».

Durant sept jours, exécutions sommaires, violences, viols sont perpétrés, tandis que les Communards fusillent leurs otages et incendient les monuments emblématiques, comme le palais des Tuileries et l’Hôtel de Ville. Le 28 mai, les combats s’achèvent au cimetière du Père-Lachaise. Au total, cette révolution de 72 jours, que Karl Marx voyait comme une guerre de classes, affiche un triste bilan : 20.000 Parisiens sont tués, 38.000 sont arrêtés, dont plusieurs milliers exilés ou déportés dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie, avant d’être amnistiés dix ans plus tard. 

Cet article est paru dans le Télépro du 18/3/2021

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