La véritable histoire des pirates

Illustration de Barbe Noire © RTBF/Gedeon Programmes

À l’abordage ! Entre Monsieur Mouche dans «Peter Pan» et Jack Sparrow dans «Pirates des Caraïbes» notre image de la piraterie est assez formatée. Ce dimanche à 14h30 sur La Une, le documentaire «La Véritable histoire des pirates» rectifie le tir.

Depuis «L’île au trésor» de Robert L. Stevenson, paru en 1883, la conception populaire du pirate, induite par l’écriture et le cinéma, est celle d’un homme assoiffé d’or, à la vie rythmée par les aventures aux paysages exotiques, le tout agrémenté d’un brin de violence et de litres de rhum. Démêlons le fantasme de la réalité.

Tenter sa chance

C’est entre le XVIe et le XVIIIe siècle que les pirates ont régné en véritables maîtres sur les mers. Leur nom vient du mot grec piran, qui signifie «tenter sa chance». Ce dernier a donné pirata, en latin, que l’on peut traduire par «celui qui tente la fortune». «Là où le corsaire n’attaque qu’en temps de guerre et sert les intérêts de son pays, le pirate est lui un hors-la-loi !», relate le magazine GÉO. «Travaillant pour lui-même, il s’attaque indifféremment à tous les types de bateaux et de cargaisons.»

Durant de très nombreuses années, presque tous les marchands maritimes ont donc navigué avec l’angoissante idée que des pirates pouvaient les attaquer. Mais les eaux les plus dangereuses étaient sans nul doute les îles Caraïbes et les côtes américaines. Ces endroits représentaient alors un carrefour commercial reliant l’Europe, l’Afrique et les Amériques, faisant de leurs mers un terrain de choix pour les pirates.

Triste destin

Alors que les stéréotypes véhiculent l’image d’hommes puissants, pillant l’or sans difficulté et célébrant leurs prises du jour à grandes lapées de rhum, le quotidien d’un vrai pirate n’était pas aussi fastueux. Si le personnage cinématographique de ces moussaillons téméraires est aujourd’hui plutôt sympathique, voire un rien benêt, ce type de marins n’avait rien de charmant. «Cet imaginaire a souvent éclipsé la face plus sombre de ces marins, rudes, libres, souvent cruels, mais aussi la violence de leurs destins», note le documentaire de La Une. «Selon les historiens, un pirate ne pouvait espérer poursuivre ses activités plus de deux ou trois ans. Aux conditions de vie déplorables en mer (scorbut, épidémies…) s’ajoutaient la dureté des combats d’abordage au cours desquels beaucoup étaient blessés.»

Si certains parvenaient à s’offrir une retraite dorée, la plupart des pirates étaient constamment pourchassés pour leurs crimes et, en cas de capture, ils étaient pendus.

Fin de l’aventure

Au début des années 1700, l’âge d’or de la piraterie décline. Partout en Europe émergent des lois anti-pirateries, et de grosses récompenses sont notamment offertes à ceux qui ont le cran de les dénoncer. «En 1717, l’Angleterre offrit l’amnistie aux capitaines et équipages de pirates, promettant un traitement sans pitié, s’ils étaient pris, à ceux qui refusaient de se rendre», explique Maria Lara Martinez, professeur d’histoire à l’Université de Madrid (source : National Geographic). «Au cours des années suivantes, les capitaines de boucaniers tombèrent un par un. Black Sam mourut dans un naufrage en 1717 et Barbe Noire perdit la vie en combattant la marine britannique l’année suivante.»

Le vrai du faux

  • Ils portaient crochets et jambes de bois. Oui et non. Si certains pirates avaient une jambe de bois ou un crochet à la place de la main, ces «prothèses» n’étaient pas la norme. Une amputation en pleine mer étant généralement synonyme de mort.
  • Ils enterraient leurs butins. Non. Le capitaine Kidd (1645-1701) a bien enterré son trésor, mais il doit être pratiquement le seul. Non seulement les pirates préféraient dépenser tout de suite leur butin en alcool et en femmes mais, de surcroit, enfouir un trésor dans le sable était une manœuvre risquée à cause des marées.
  • Ils ne s’attaquaient qu’à l’or des navires. Non. Les pièces d’or ne constituaient pas le plus gros de la récolte des pirates. Ces derniers s’attaquant à toutes sortes de navires, ils repartaient plus souvent avec des fourrures, de la soie ou des épices.
  • Les navires les plus grands marquaient leur puissance. Non. Les bateaux manœuvrés par les pirates n’étaient pas des gros galions. Au contraire, ces marins hors-la-loi préféraient, en toute logique, la discrétion de petites goélettes permettant de s’échapper rapidement et de se cacher plus aisément dans les estuaires.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/12/2022

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