Le mensonge : comment démasquer un mystificateur ?

Le polygraphe, alias détecteur de mensonge, existe bel et bien ! © Arte

Certains mentent comme ils respirent. Et sans nez qui s’allonge, comment démasquer Pinocchio ? Peut-on se fier au langage corporel ? Les détecteurs de mensonge sont-ils efficaces ? Samedi à 22h40 dans un documentaire, Arte nous dit toute la vérité et rien que la vérité… sur le mensonge.

Nous mentons tous. Selon certains scientifiques, entre deux et quatre-vingts fois par jour depuis l’âge de 5 ans, période où se développe la conscience du vrai et du faux.

Né pour baratiner

C’est parti pour une vie de petits et gros mensonges. D’après une étude britannique réalisée par la 20 th Century Fox en 2009 lors du lancement de la série «Lie to Me» (qui mettait en scène un expert en détection du mensonge), les hommes mentiraient en moyenne six fois par jour, contre trois pour les femmes.

Pas si simple

Reconnaître un menteur est compliqué. Claudine Biland, psychologue, l’affirme à Doctissimo : «Nous sommes remplis de stéréotypes : on croit que ceux qui profèrent un mensonge vont regarder ailleurs, bégayer, chercher leurs mots… Et c’est souvent le contraire ! (…) Quelqu’un de préparé à mentir se contrôlera avec beaucoup d’efficacité.»

Signes révélateurs

Malgré tout, le Dr Leanne ten Brinke, de la Haas School of Business, a détecté des «révélateurs» objectifs. Un menteur a tendance à cacher sa bouche, donner beaucoup de détails, se répéter pour gagner du temps et respirer bruyamment. Inconsciemment, il se prépare à la fuite en se rapprochant d’une sortie. Ses paroles et son langage corporel sont dissociés (par exemple, il sourit en parlant de quelques chose de triste).

À condition de bien connaître son interlocuteur, ses yeux peuvent être un indice précieux. S’il ment, leur mouvement habituel sera modifié : certains lèvent les yeux pour se souvenir, mais les baissent lorsqu’ils mentent, parfois c’est le contraire. Le tout est de remarquer un changement. Un menteur se montre aussi plus rapidement agressif et soutient le regard pour paraître sincère. Enfin, une personne qui s’agite, tape du pied, n’est peut-être pas droite dans ses bottes…

Détecteur de mensonge

Depuis toujours, l’homme veut connaître la vérité. En Chine, il y a trois millénaires, un suspect était contraint de mâcher du riz sec puis de le recracher, s’il ne sortait pas humide, pour cause de bouche sèche, on avait affaire à un menteur. Même topo au Moyen Âge avec de la farine. Car très vite, l’homme a compris que mentir entraînait des réactions physiologiques mesurables.

Ainsi, en 1921, John Augustus Larson, étudiant en médecine à l’université de Berkeley, construit le premier polygraphe. Il entre dans la police pour tester son invention qui lui permet d’arrêter un psychopathe lors de sa première enquête. Le polygraphe, plus tard surnommé «détecteur de mensonge», mesure l’ensemble des paramètres susceptibles de varier en présence de carabistouilles : pression artérielle, rythme cardiaque et respiratoire, conductivité de la peau (qui change en cas de transpiration), diamètre pupillaire et température.

Fiabilité

Pendant l’interrogatoire, le menteur potentiel répond d’abord à des questions de contrôle (nom, adresse,…). Les mesures enregistrées sont ensuite comparées à celle obtenues lors des questions liées à l’enquête. Un changement significatif est observé ? Menteur ! Mais la fiabilité de ce test n’a jamais été prouvée et a même souvent été critiquée par les scientifiques.

Des expériences ont montré que certains menteurs étaient capables de se maîtriser alors que des innocents géraient mal le stress de la procédure. Malgré tout, le polygraphe ne sert pas que dans les films ! Il est en effet utilisé aux États-Unis, au Canada mais aussi en Belgique ! 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 21/5/2020

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