«Leni Riefenstahl, la fin d’un mythe» (Arte) : la cinéaste d’Hitler avait réécrit son histoire

Leni Riefenstahl a approché le pouvoir nazi très tôt et de très près... © Arte

Ce mercredi à 23h, Arte lui consacre un documentaire.

La question de la responsabilité politique d’un artiste a été souvent posée à Leni Riefenstahl, réalisatrice attitrée d’Adolf Hitler. «Je peux dire que 90 % de ce qu’on a pu dire sur moi n’est que pure invention», a-t-elle répondu en octobre 2000, lors d’une de ses dernières apparitions en public.

Jusqu’au bout, elle a refoulé le passé et gardé le silence. Disparue en 2003, à 101 ans, elle a été autant célébrée que condamnée. Nina Gladitz a étudié la vie et l’œuvre de Leni Riefenstahl durant plusieurs décennies. Elle en a tiré un livre, «La Carrière d’une criminelle», qui a ravivé la controverse en Allemagne. «Elle avait un ego débordant mais aucune empathie. Elle était sans scrupules», dit-elle.

À quel point a-t-elle été impliquée dans les crimes nazis ? Leni Riefenstahl a été une des rares femmes à approcher le pouvoir de très près dès les années 1930. Pour un de ses films, elle a recruté soixante figurants manouches dans un camp de concentration. Ils furent ensuite quasi tous exterminés. «Ils étaient mes amis !», mentira-t-elle.

Elle s’est approprié le succès des «Dieux du stade», célèbre film de propagande sur les JO de Berlin en 1936, en envoyant à l’asile psychiatrique son chef opérateur. Après la Seconde Guerre mondiale, elle n’a pas été condamnée pour ses activités et a tout fait pour réécrire son histoire, se consacrant à la photographie ethnographique.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 12/11/2020

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