Les édens des créateurs

Derrière chaque grand artiste, il y a un lieu chargé d'âme © Photos : Getty, Isopix et France 5

Gauguin a capté les couleurs des Marquises, Yves Saint-Laurent s’est épris de Marrakech… Ce mardi à 20h50 sur France 5, France 5 dévoile des «Paradis d’artistes», sources d’inspiration pour des créateurs hors pairs.

Guernesey, le havre d’Hugo

Banni de France suite au coup d’état bonapartiste, Victor Hugo (1802-1885) et sa famille sont chassés de Belgique, puis de Jersey avant d’atterrir à Guernesey. Ils vivront à Hauteville House de 1856 à 1870. L’écrivain de 54 ans se plaît sur l’île anglo-normande et se montre généreux envers les insulaires. Il décore sa maison (aujourd’hui musée) de façon spectaculaire. Prolifique, il y écrit «La Légende des siècles», «Les Misérables», «Les Travailleurs de la mer» et «L’Homme qui rit». L’auteur rend hommage «à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, grand par l’âme». Et Hugo d’ajouter : «Qui a vu l’archipel, l’aime ; qui l’a habité, l’estime». 

Jean Marais, chéri de Vallauris

Début des années 70, le cinéma boude Jean Marais (1913-1998). À 57 ans, il a perdu son pygmalion et compagnon, Jean Cocteau. Il pose ses valises à Vallauris, cité des potiers près de Cannes et se construit une nouvelle vie. Déjà peintre, encouragé par son ami Picasso, il y devient un talentueux sculpteur, céramiste et potier.

En juin 1973, il pousse la porte de l’atelier de Nini et Jo Pasquali. Ce couple de potiers lui enseigne la technique. L’élève assidu modèle des céramiques se perfectionne à la sculpture de bronze et ouvre une galerie. Il offre en 1991 à la Ville la statue «La Rebelissière». Quand il disparaît en 1998, à 84 ans, Marais désigne Nini et Jo comme légataires universels.

L’artiste aux multiples facettes est enterré dans le petit cimetière. «Mon but a toujours consisté à être heureux», aimait-il à répéter. 

 

Monet, sous les brumes de Londres

Durant la guerre franco-prussienne, Claude Monet (1840-1926) s’exile à Londres en plein hiver. Le peintre impressionniste est séduit par la nature changeante du temps. Ce premier voyage inattendu de 1870 est suivi d’autres jusqu’en 1904, toujours à la même saison.

Depuis les balcons de l’hôtel Savoy, Monet capte les lumières si particulières de lieux emblématiques, le Charing Cross Bridge, les Chambres du Parlement, la Tamise (une collection de dix-neuf tableaux)… «Aucun jour ne ressemble à un autre», disait celui qui préférait la brume et les trouées de soleil aux ciels purs. 

Hemingway, Papa de Cuba

En avril 1932, l’écrivain américain (1899-1961) loue une chambre d’hôtel à La Havane. Les beautés de Cuba le captivent. Vite surnommé affectueusement Papa, Ernest Hemingway achète une maison de style colonial, la Finca Vigía (non visitable à l’intérieur), à une dizaine de km de la ville. Quand il ne pêche pas l’espadon et ne descend pas des doubles daïquiris, il écrit. L’île lui inspire «En avoir ou pas», adapté au cinéma sous le titre «Le Port de l’angoisse». Entre les murs de son refuge, il imagine aussi deux de ses plus grands romans, «Pour qui sonne le glas» et «Le Vieil homme et la mer» dédié au peuple cubain (prix Pulitzer 1953 et prix Nobel de littérature 1954). Après l’avènement de Castro, Papa quitte son paradis par loyauté envers son pays. Un an plus tard, dans l’Idaho, dépressif et souffrant à 61 ans d’un début d’Alzheimer, il met fin à ses jours. 

Dalí, ses cabanes de Portlligat

«Je ne suis chez moi qu’en ce lieu idéal pour mon travail. Ailleurs, je campe», déclarait Salvador Dalí (1904-1989). Le maître surréaliste espagnol est séduit par le paysage, la luminosité et l’isolement de Portlligat, près de Cadaquès sur la Costa Brava. En 1930, il craque pour une banale cabane de pêcheur. Le comte de Noailles, lui avance l’équivalent de 3.000 euros. Au bout de quarante ans, il aura acheté sept cabanes. Au fil d’aménagements successifs, il crée ainsi une maison alambiquée de 500 mètres carrés (un musée). La plage, la crique et les rochers de Portlligat apparaîtront à plusieurs reprises dans ses tableaux. Il a quitté son refuge à la mort de son grand amour, Gala.

 

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