L’histoire vraie du faux Galilée

Un faux de génie, qui aurait pu rapporter 10 millions de dollars ! © Arte

Le plus beau des livres de l’astronome n’était qu’un faux… Une incroyable histoire, « Le faux manuscrit de Galilée », à découvrir samedi dès 23h15, sur Arte.  

C’est un livre parmi les plus rares et les plus précieux au monde : le «Sidereus nuncius» de Galilée. Imprimé en 1610, il apportait la preuve que la Terre n’est pas au centre de l’univers. Il y a quelques années, un exemplaire original de l’ouvrage a refait surface. Cerise sur le gâteau : il était signé de la main de Galilée… Trop beau pour être vrai ?

L’homme à la lunette

Galilée a 45 ans, en 1609, lorsqu’il entend parler d’une longue-vue qui permettrait d’observer des objets lointains. Mathématicien et physicien déjà reconnu, Galilée acquiert l’instrument, puis le perfectionne et crée ainsi la première lunette astronomique. Il la pointe d’abord sur la lune, découvrant qu’elle n’était pas lisse, comme on le croyait, mais couverte de cratères. Puis il observe Jupiter… et s’aperçoit que cette planète a des satellites ! Qu’est-ce que cela signifie ? Que dans l’univers, tout ne tourne pas autour de la Terre. Copernic l’avait affirmé quelques années auparavant, Galilée en apporte la preuve. Il publie ses observations en mars 1610 dans un petit traité titré «Sidereus nuncius» («Le Messager des étoiles»).

Une valeur astronomique

L’édition originale du «Sidereus nuncius» est particulièrement recherchée par les collectionneurs. Parmi les 500 exemplaires imprimés à l’époque, on estime que seule une centaine a survécu. Valeur de l’un de ces livres : entre 300.000 et 500.000 , selon son état et la qualité de ses gravures. Imaginez donc la tête de Richard Lan, antiquaire new-yorkais spécialisé dans les livres anciens, lorsque deux Italiens lui proposent un exemplaire du «Sidereus nuncius» dont la première page porte la signature autographe de Galilée.

Mieux encore : à l’intérieur, les traditionnelles gravures imprimées sont remplacées par des aquarelles de la main de l’auteur. C’est l’original du «Sidereus nuncius». Sa valeur est… astronomique ! Lan est fasciné, mais demande l’avis de plusieurs experts internationaux. Le livre est examiné sous toutes ses coutures : c’est bien un original. Mais quelque temps après, en parcourant la rubrique Faits Divers de son journal, un expert tique. L’un des Italiens à l’origine de la transaction, Massimo De Caro, vient d’être arrêté pour trafic de livres anciens…

Dans son four de cuisine

Massimo De Caro a été conservateur de l’une des plus riches bibliothèques d’Italie, il a été conseiller auprès du Ministre italien de la Culture, et c’est un passionné de Galilée. Dans le doc d’Arte, il explique avec délice comment il a fabriqué ce faux «Sidereus nuncius». Comment il a confectionné le papier «ancien» avec des fils de lin, comment il s’est procuré de l’encre d’époque, et comment il a finalement fait vieillir le livre dans le four de sa cuisine.

De Caro dit avoir agi par pur plaisir. Son faux avait quand même été estimé à 10 millions de dollars, ce qui l’aurait fait entrer dans le top 10 des livres les plus chers du monde.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 18/6/2020

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