L’homéopathie : médecine douce ou imposture ?

Des pilules controversées © Arte

Si l’efficacité  de l’homéopathie  n’est pas prouvée scientifiquement, faut-il pour autant disqualifier une thérapeutique que  de nombreux patients estiment bénéfique ?

Entretien avec  le professeur Jean Sibilia , qui intervient dans un documentaire diffusé par ARTE ce samedi 15 février à 22h25.
 

Un patient peut-il espérer guérir grâce à l’homéopathie ?

Cette méthode thérapeutique peut avoir une place qui reste à définir, mais pas pour “guérir” les affections aiguës. En cas d’infection sévère, un granule homéopathique ne remplacera jamais un antibiotique. Il serait inacceptable de le prétendre. Du point de vue scientifique, l’efficacité de l’homéopathie n’est pas démontrée selon les règles actuelles de l’EBM (Evidence Based Medicine), mais elle peut induire un effet placebo favorable. Son approche intégrative est parfois à même d’apporter un réel bénéfice aux patients. Par exemple, elle peut contribuer sans risque à réduire des douleurs non liées à une maladie évolutive, alors que des antalgiques ou des anti- inflammatoires peuvent entraîner des effets secondaires. Des enquêtes dans différents pays ont montré que de nombreux patients se déclarent en faveur de l’homéopathie, ce que nous devons écouter et comprendre.

Comment expliquez-vous les polémiques, parfois vives, entourant cette question ?

Confrontés à une floraison de pratiques ésotériques et alternatives, et parfois regardés avec condescendance par les spécialistes, les médecins généralistes ont légitimement à cœur de démontrer leur rigueur, en se démarquant des pratiques non démontrées scientifiquement. La polémique est liée aussi à la polarisation croissante, et souvent caricaturale, des enjeux de société, y compris sur le terrain médical, au détriment d’une sagesse qui devrait caractériser nos métiers de soignants. Il faudrait sortir du pugilat entre médecins “pour” et “contre”. Je ne suis pas homéopathe, mais quand mes patients témoignent d’améliorations apportées par cette méthode, j’en tiens compte. C’est aussi la raison pour laquelle il est nécessaire, pour l’instant, de continuer à enseigner l’approche homéopathique à l’université. Nos jeunes médecins doivent être informés de tout ce qui peut en faire le succès, comme de ses limites, afin de le faire savoir à leur tour à leurs patients. Restons scientifiques, c’est-à-dire rigoureux et ouverts !

Propos recueillis par Benoît Hervieu-Léger
 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici