L’Iran et ses trésors persans

Extrait du documentaire diffusé sur Arte © Arte/BBC/Chris Hastings

En 1935, la Perse devient officiellement l’Iran. À l’occasion de la diffusion ce samedi à 20h50 sur Arte du documentaire «De la Perse à l’Iran, retour sur les origines d’une civilisation millénaire qui, au fil des siècles, a préservé sa langue et sa culture.

Explorer les trois millénaires d’histoire culturelle, artistique et architecturale de l’immense Empire perse devenu l’Iran. Voilà l’invitation au voyage du documentaire d’Arte en trois parties samedi soir. L’occasion de revenir sur les toponymes «Perse» et «Iran» ayant souvent fait débat…

Perse ou Iran ?

L’origine du terme «perse» remonte à l’ancien persan, version antique de la langue parlée de nos jours en Iran. Au Ier millénaire avant notre ère, il désignait le peuple occupant le sud-ouest de l’Iran actuel : la province du Pars ou Fars, soit la région de Shiraz. Mais l’identité de ces premiers Perses n’est révélée qu’au IXe siècle avant J.-C. par les Assyriens, puissance alors dominante au Moyen-Orient.

Très vite, ces conquérants en herbe assimilent de nombreuses tribus, dont les Mèdes – avec lesquels ils sont souvent confondus -, et leur imposent leur langue indo-européenne. C’est le début d’une grande civilisation : celle de la dynastie des Achéménides fondée en 559 av. J.-C. par Cyrus II, dit Cyrus le Grand. En témoignent les ruines de Persépolis.

Le toponyme «Iran» n’apparaît quant à lui que bien plus tard : au IIIe siècle ap. J.-C., sous la dynastie des Sassanides (224-651). Il désigne le «royaume des Aryens» (signifiant «nobles») dont la résonance est proche d’«Iran». Dès lors, les deux appellations «Perse» et «Iran» vont coexister, acquérant, au fil des siècles, des connotations variées. Le qualificatif «aryen» n’étant pas sans rappeler la propagande nazie…

Race aryenne

En 2018, le philosophe Bernard-Henri Lévy jette un pavé dans la mare. Il souligne, dans son ouvrage «L’Empire et les cinq rois», le lien idéologique entre l’Allemagne nazie et l’Iran, dont la focale serait le changement de nom de la Perse en «Iran», le 21 mars 1935. Le Shah aurait-il partagé les vues d’Hitler sur le concept de «race aryenne» ?

L’écrivain et avocat franco-iranien Ardavan Amir-Aslani (*) tempère : «Il est vrai que ce changement de nom s’effectua après un rapprochement diplomatique avec l’Allemagne nazie. Néanmoins, on aurait tort d’y voir un quelconque rapprochement idéologique». Il rappelle que le pays «avait déjà porté le nom d’Iran au temps des Sassanides, lorsqu’il s’appelait « royaume des Aryens ». Le titre n’avait donc rien de nouveau lorsqu’il fut repris par le fondateur de la dynastie Pahlavi».

Le Shah entendait uniquement en faire «une nation moderne et ouverte au monde», une puissance capable de se relever, à l’image des glorieuses civilisations antiques.

Prestige oublié

Reconverti en République islamique d’Iran depuis la révolution de 1979, le pays vit aujourd’hui des heures sombres. Sanctions économiques, corruption, obscurantisme religieux et privations en tous genres n’ont cependant pas eu raison de la culture persane. Car, contrairement à d’autres peuples, «les Iraniens n’ont jamais été détruits ou, pire encore, assimilés», souligne Ardavan Amir-Aslani.

Le «style persan» a continué de rayonner dans tout l’Orient. Les contes des «Mille et une nuits» en conservent le doux souvenir. Boudé, méconnu, incompris, l’Iran semble aujourd’hui à un nouveau carrefour. Impossible cependant de ne pas songer au raffinement de sa culture, ses monuments d’architecture, ses tapis à la renommée internationale ou encore ses somptueux jardins, dont le terme persan «pairi-daeza» a été adopté en français sous la forme de «paradis»…

(*) À lire : Ardavan Amir-Aslani, «De la Perse à l’Iran, 2.500 ans d’histoire» (éd. L’Archipel)  

Cet article est paru dans le Télépro du 13/5/2021

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