Menaces sur le blé !

Le blé nourrit des milliards d’êtres humains, mais sa pérennité n’est pas garantie © Getty Images

Le voici à la fois objet d’inquiétude pour ceux qui le cultivent et objet de suspicion pour ceux qui le consomment.

Le blé fait partie de notre alimentation depuis des milliers d’années. Apprécié de nos aïeux pour ses fibres et minéraux, il souffre aujourd’hui des cultures à haut rendement qui en font un «blé hybride» plus allergène, et des canicules, sources d’ennui pour les producteurs et consommateurs. Mercredi à 17h15 sur Arte, «Xenius» fait le point sur le sujet.

Aléas météorologiques et géopolitiques

Le monde produit plus de 700 millions de tonnes de blé par an, converties en farine pour les pains, pâtes, gâteaux, céréales pour petit-déjeuner, etc. Mais Nature Climate Change montre que sa culture est en danger. Une hausse des températures de 1 °C réduirait le rendement jusqu’à 6,4 %. Or, une baisse de seulement 5 % entraînerait une perte d’environ 35 millions de tonnes par an. En Europe, la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et le Portugal pourraient subir une baisse de rentabilité menant à la perte de terres agricoles et obligeant des agriculteurs à renoncer à cette activité.

De plus, un marché soumis aux aléas météorologiques et aux fluctuations du prix menacerait l’accès des plus pauvres à la nourriture, entraînant instabilité géopolitique et migrations. Les canicules sont surtout préjudiciables au blé durant la période de «remplissage des grains», c’est-à-dire le moment où le système de la plante accumule des réserves qui feront la récolte. «Il y a un seuil de température au-delà duquel leur maturation s’affaiblit et leur besoin en eau augmente, c’est coûteux et dommageable pour la planète», note Michelle Tigchelaar de l’Université de Washington.

Migration vers le nord

Adapter les cultures s’avère donc primordial. «Les agriculteurs pourraient modifier les dates des semences afin d’éviter les périodes chaudes de l’année, ou semer des blés plus précoces qui auront moins de difficultés à affronter des moments de forte chaleur», dit le spécialiste agronome Philippe Gate. «Autre piste : la sélection variétale. Les gènes de la précocité sont connus des semenciers qui devront améliorer les variétés de blé afin qu’elles supportent mieux la sécheresse.»

Un déplacement vers d’autres territoires est aussi nécessaire. C’est déjà le cas dans la province de Kainuu, en Finlande. «Ici, les grains de blé risquent moins « l’échaudage »», souligne l’Institut des ressources naturelles de Finlande. La région s’ouvre donc à cette culture. Les instituts agricoles finlandais et russes ont également développé de nouvelles variétés de «blé d’hiver» qui sont déjà semées en Norvège, en Suède et en Sibérie.

Augmentation des intolérances

Mais ces manipulations sont sources d’ennuis de santé. «Ces plantes ne sont que des parents éloignés du blé, génétiquement et biochimiquement à des années-lumière de celui utilisé par nos grand-mères !», prévient le Dr William Davis. «5 % des protéines du blé hybride (gliadine, glutine et agglutinine) provoquent une inflammation du système digestif, une augmentation de l’intolérance au gluten et, possiblement, du diabète, des problèmes respiratoires et des allergies. Or, paradoxalement, des décennies d’études montraient jusqu’ici que les aliments contenant du gluten – blé entier, seigle, orge – étaient essentiels à une bonne santé et associés à un risque réduit de maladies cardiaques, de cancer et d’excès de poids…»

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