Peggy Guggenheim, l’art et les hommes

La collectionneuse et une de ses œuvres favorites © Arte

Un look excentrique, un nez (mal) refait, une sexualité assumée… Derrière cet esprit libre et avant-gardiste se cache l’une des plus imposantes collectionneuses d’art moderne. Le documentaire d’Arte, diffusé dimanche soir, dresse le portrait flamboyant d’une femme fatale aux multiples visages.

À la fois riche héritière, amante insatiable, mère malheureuse, combattante des phallocrates de l’art et éternelle collectionneuse…

L’art à tout prix

Née en 1898 dans une richissime famille juive new-yorkaise, la jeune Peggy avait un destin tout tracé. Mais, à 21 ans, cette anticonformiste s’ennuie.

Elle s’enfuit à Paris dans le tourbillon des Années folles et s’y encanaille au milieu des artistes. Elle aiguise son regard auprès de Cocteau et Léger. Duchamp et Beckett furent tous deux ses mentors et amants.

Elle y rencontre aussi Laurence Vail, son premier mari. Ils mènent une vie de bohème tumultueuse qui vire au fiasco. Deux enfants plus tard, ils divorcent.

Peggy part à Londres, avec l’une de ses conquêtes, pour y ouvrir, en 1938, sa première galerie d’art. Elle y expose Cocteau, Breton, Tanguy, Kandinsky.

«Une œuvre par jour»

La guerre est aux portes de l’Europe… Peggy retourne à Paris pour y acheter «une œuvre par jour». Elle acquiert ainsi une part importante de sa collection d’art moderne, aujourd’hui l’une des plus fabuleuses au monde.

Le Louvre considérant que «ces œuvres ne méritaient pas d’être sauvées», elle les rapatrie à New York où elle se réfugie après avoir mis en place une filière d’évasion. C’est elle qui a permis l’évacuation de France de ses amis artistes menacés par les nazis. Parmi eux : Max Ernst, qu’elle épouse.

Dans sa galerie new-yorkaise «Art of this Century», inaugurée en 1942, c’est toute la jeune génération abstraite américaine qui y est exposée, dont un certain Jackson Pollock, qu’elle fut la première – encouragée par Mondrian – à révéler.

Musée vénitien

Du palais vénitien où elle se retire en 1947, entourée de ses chiens et de ses amants, elle continuera ses activités de mécène jusqu’à sa mort, en 1979. Les œuvres exposées voisinent avec des pièces d’art africain et océanien. Une salle est réservée aux créations de sa fille Pegeen, qui s’est suicidée en 1967.

Peggy Guggenheim aura rassemblé une impressionnante collection d’œuvres d’art d’une valeur de 40.000 dollars à l’époque, estimée aujourd’hui à plusieurs milliards ! Peggy avait coutume d’ouvrir les portes de son palazzo vénitien au public pour qu’il vienne y admirer sa collection d’œuvres gratuitement.

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