Qui était vraiment Richelieu, l’homme en rouge ?

Richelieu, personnage crucial de l'Histoire de France © Isopix

Talentueux stratège, excellent diplomate, fin politique… Le cardinal de Richelieu apparaît comme le premier homme d’État moderne. Ce lundi à 21h05 sur France 3, Stéphane Bern lui consacre un numéro de «Secrets d’Histoire».

Il a inspiré Alexandre Dumas, qui lui a donné le rôle du méchant sanguinaire et autoritaire face à Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan dans «Les Trois mousquetaires», avant de le réhabiliter dans «Le Sphinx rouge». Certes, Richelieu a bien fait interdire les duels en France, mais cela n’est qu’un détail de son bilan politique.

Qui était vraiment ce «grand cardinal à la main sanglante et à la robe écarlate», selon les mots de Victor Hugo ? Lundi (21.05, France 3), Stéphane Bern dresse le portrait de ce marquis du Poitou devenu ministre incontournable de Louis XIII.

S’il a terminé sa vie à la tête d’une fortune colossale, Richelieu, malgré ses origines nobles, n’est pas né dans le faste. Armand Jean du Plessis voit le jour à Paris en 1585. La mort prématurée de son père, capitaine des gardes du roi Henri IV, laisse sa famille dans une situation financière délicate. Sa position de cadet le destine à une carrière militaire, mais la défection de son frère le contraint à entrer dans les ordres pour prendre la tête de l’évêché de Luçon, dévolu à sa famille.

Rencontre déterminante

Grâce à son talent oratoire, Richelieu est remarqué par la régente Marie de Médicis, veuve du roi Henri IV et mère du jeune Louis XIII. Son ascension politique peut débuter. Habile diplomate, le prélat parvient à réconcilier le jeune monarque avec la reine-mère. Un coup de force qui lui vaut son titre de cardinal, en 1622, et la confiance du Roi.

Deux ans plus tard, Richelieu intègre le conseil du Roi et en devient le principal ministre. À l’aube de ses quarante ans, l’ambitieux atteint le sommet du pouvoir. Durant dix-huit ans, cet homme brillant va mettre son intelligence au service de la monarchie. Après avoir évincé Marie de Médicis, devenue sa principale rivale, lors de la fameuse «journée des Dupes», il formera avec son souverain un duo entré dans l’Histoire pour avoir transformé la France féodale en un État centralisé et fort.

Véritable génie politique, le cardinal de Richelieu poursuit un objectif : la restauration de l’autorité royale, appelée plus tard «absolutisme».

Amoureux des arts

En matière de politique intérieure, il pacifie le royaume divisé religieusement et politiquement, en mettant au pas la noblesse, prompte aux révoltes, et en combattant les protestants et leurs alliés anglais, notamment lors du siège de La Rochelle.

À l’extérieur des frontières, il s’allie, par contre, aux protestants pour lutter contre l’influence de la maison des Habsbourg. Soucieux de donner une place de choix à son pays, «l’homme en rouge» favorise le commerce lointain, crée une marine et jette les bases d’un empire colonial (notamment au Canada).

Enfin, en grand amoureux des arts et des lettres, ce travailleur acharné organise la vie intellectuelle et littéraire en fondant l’Académie française et en développant la presse.

Mais son «règne» n’est pas un long fleuve tranquille : les intrigues à son encontre (notamment de la part du frère du Roi, Gaston d’Orléans) sont nombreuses. «Victorieux de toutes les cabales grâce au soutien constant du roi Louis XIII, Richelieu apparaît comme le premier homme d’État moderne, soucieux de l’intérêt national envers et contre tout», écrit André Larané dans «Richelieu, un cardinal à poigne» (herodote. net).

À sa mort en 1642, le tout puissant cardinal est détesté par le peuple accablé d’impôts, mais la France est au premier plan européen. Ainsi, Richelieu laisse dans la mémoire collective deux légendes se côtoyer, l’une noire et l’autre dorée…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 14/5/2020

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