Saviez-vous que Wall Street à New York faisait allusion à la rue des Wallons ?

Au début du XVIIe siècle, des Wallons ont créé l’un des quartiers les plus connus de Big Apple ! © Isopix

Chaque jour de cette semaine à 17h45, une série de docs d’Arte explore les villes homonymes : Paris au Texas, Rome en Suède, Berlin en Afrique du Sud… Namur, Charleroi, Liège : nos villes belges ont aussi donné leur nom à d’autres cités dans le monde !

Il suffit de 3 minutes en auto pour aller de Namur à Brussels. Pas via la E411, bien sûr. Mais bien la County Road DK. Car il ne s’agit pas des villes belges, mais de leurs homonymes américaines. Si on trouve une trentaine de Paris sur la planète, il y a aussi pas mal de localités au nom bien de chez nous. Explication ? L’immigration.

Guerres de religions

C’est l’une des rues les plus célèbres de New York : Wall Street ! Son nom dérive de l’appellation donnée par les colons hollandais : Waalstraat, ou rue des Wallons. New York a en effet été fondée par une poignée de Wallons menés par Pierre Minuit, fils d’une famille protestante de Tournai. Au début du XVIIe siècle, ils fuient les guerres de religions dévastant nos régions…

Fuir la misère

Au XIXe, c’est la misère qui pousse les Wallons à émigrer vers le Nouveau Monde. Surtout au Wisconsin, qui les accueille à bras ouverts pour défricher ses terres. On estime que 15.000 Wallons partent pour cet État entre 1852 et 1856. Certaines localités, comme Grez-Doiceau, en Brabant wallon, se vident littéralement de leur population – familles, voisins et amis décidant de partir ensemble. Ils y sont poussés par une grave crise économique.

Dès 1845, le mildiou fait des ravages sur les récoltes de pommes de terre. Il s’ensuit une famine à travers l’Europe. L’Irlande est la plus touchée, avec 1 million de victimes, mais on estime que 40 à 50.000 Belges sont morts de faim à cette époque. Le Wisconsin leur offre des terres à cultiver. Ils s’y rendent donc. Mais tout est à faire. En arrivant, ils fondent des villages auxquels ils donnent des noms familiers : Namur, Brussels, Rosiere, Champion…

De Floreffe à Pittsburgh

Vous connaissez Charleroi sur les rives de la Sambre, mais il existe une ville du même nom sur la rivière Monongahela, en Pennsylvanie. On est ici à une cinquantaine de km de Pittsburgh. À la fin du XIXe siècle, la région est réputée pour ses mines et ses aciéries. À l’époque, Charleroi l’est tout autant. Les Américains essaient de convaincre ingénieurs et ouvriers belges de leur apporter leur savoir et leur savoir-faire. Ils ont aussi besoin de verriers. Ce petit monde s’installe dans une bourgade vite rebaptisée Charleroi.

Sur la route de Pittsburgh, on trouve aussi la localité de Floreffe… Chaque ville homonyme raconte une histoire belge. Ainsi, si l’on trouve un petit Bruxelles dans la province canadienne du Manitoba, c’est que certains Belges ont préféré émigrer en terre francophone et catholique.

Pirette en Suède

La Suède connaît aussi une importante émigration wallonne au début du XVIIe . Le pays a des mines de fer, mais aucun savoir-faire. Il fait donc appel à des gens de chez nous. Eux n’ont rien à défricher ni à construire. Aucune localité ne porte leur nom. Par contre, les patronymes sont restés. Certaines familles suédoises s’appellent Gillet, Collin ou Pirette… 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/11/2020

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