Sous la bombe, Hiroshima

Une image de «Fatman», la bombe balancée sur Nagasaki © Arte

Il y a 75 ans, les États-Unis accéléraient la fin de la Seconde Guerre mondiale en larguant au Japon la première bombe atomique. Ce mardi à 20h50, Arte revient sur l’histoire de ce terrible engin avec un documentaire intitulé «La Bombe»

«Nous avons découvert la bombe la plus terrible de l’Histoire», écrit Harry Truman dans son journal le 25 juillet 1945. Quelques jours plus tard, le Président américain en ordonne l’usage pour mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale et précipite ainsi le monde dans une nouvelle ère, celle du nucléaire.

Si, en Europe, le conflit s’achève le 8 mai 1945, à l’autre bout du monde, la guerre dite du Pacifique s’éternise. Le Japon, qui lance ses kamikazes (des avions-suicides) contre les navires américains, se refuse à capituler. Le 26 juillet, depuis la conférence de Potsdam (en Allemagne), Truman, soutenu par le Royaume-Uni et la Chine, lance un ultimatum à l’ennemi nippon : «Si le Japon ne capitule pas, il s’expose à un anéantissement rapide et total».

Ses paroles ne sont pas lancées en l’air. Car les trois années de recherches scientifiques menées dans le cadre du projet Manhattan, initié par son prédécesseur Roosevelt, ont permis de mettre au point la bombe nucléaire, dont un documentaire d’Arte retrace l’histoire (mardi à 20.50).

Solution radicale

«Conscients des conséquences de leur découverte, quelques scientifiques du projet Manhattan tentent d’empêcher que la bombe soit employée contre le pays du Soleil-Levant pour le contraindre à cesser le combat», écrit Véronique Dumas dans «Hiroshima : le monde découvre l’apocalypse» (Historia). «Dans le rapport qu’ils rédigent en commun et qui porte le nom de James Franck – le président de leur commission -, ils déclarent au président Truman qu’annoncer au monde entier leur invention devrait suffire à forcer le Japon à se soumettre et ainsi épargner les populations.»

Mais désireux de prouver aux Soviétiques la supériorité militaire de son pays et d’éviter un bain de sang à ses troupes en cas de débarquement, Truman persiste. Le 6 août, l’opération est lancée. Le colonel Paul Tibbets décolle de la base aérienne de Tinian, dans le Pacifique, à bord de son B-29, baptisé Enola Gay. Accompagné par deux autres bombardiers (l’un destiné à prendre des mesures scientifiques et l’autre des photos), il atteint, quelques heures plus tard, la ville de Hiroshima, important centre industriel et portuaire du sud du Japon.

À 8.15, il largue au-dessus de sa cible une arme d’un genre nouveau. Quarante-trois secondes plus tard, «Little Boy», la première bombe atomique de l’Histoire, explose à 580 mètres d’altitude, provoquant boule de feu, éclair et onde de choc.

«Qu’avons-nous fait ?»

En s’éloignant de la gigantesque colonne de fumée, le copilote Lewis s’écrie : «Mon Dieu, qu’avons-nous fait ?» En l’espace de cinq secondes, le centre-ville est pulvérisé et environ 80.000 personnes sont tuées. Au sol, la température atteint les 4.000 °C et des incendies ravagent la ville. Ils sont éteints par une pluie empoisonnée à l’uranium, qui contamine les cours d’eau, les sols et tue ceux qui la boivent.

Dans les jours et les semaines qui suivent, les victimes irradiées continuent de se compter par milliers, jusqu’à atteindre 140.000 morts. Trois jours plus tard, le scénario se répète : même arme, même ennemi, autre cible ! La bombe atomique «Fat Man» explose, le 9 août, au-dessus de la ville de Nagasaki. Environ 80.000 civils perdent la vie dans cette deuxième attaque atomique, qui pousse l’empereur Hirohito à annoncer la reddition de l’empire. Et le 2 septembre, la capitulation met enfin un terme à la Seconde Guerre mondiale.

Certes, un débarquement des troupes américaines dans l’archipel a pu être évité, mais pas le basculement du monde dans l’ère de la terreur, celle où les grandes puissances brandissent désormais comme arme la dissuasion nucléaire…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/7/2020

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