Testostérone : l’hormone qui fait mâle

Si la testostérone joue un rôle-clé dans la santé, du développement musculaire et du fonctionnement sexuel, sa corrélation avec l’agressivité masculine reste à établir © Getty
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

La testostérone rendrait les hommes agressifs. Cliché ou fait scientifique ?

L’hormone sexuelle masculine, souvent assimilée à la domination et à la virilité, est-elle responsable des comportements agressifs des hommes ? Ce mardi à 17h05 sur Arte, le magazine «Xenius» se penche sur la question.

Biologie

La testostérone, produite par les testicules et les deux glandes surrénales situées au niveau des reins, permet le développement des organes génitaux masculins. Plus tard, elle déclenche la puberté.

Le Pr. Michael Zitzmann, endocrinologue allemand, spécialiste en médecine interne et sexuelle, confirme que «la testostérone détermine des caractéristiques du corps, visible ou non, comme les muscles, la pilosité et l’humeur générale.»

Le rôle de la testostérone est socialement controversé chez l’homme. Cette complexité pousse de nombreux scientifiques à creuser le sujet. Une corrélation testostérone-agressivité est souvent relevée chez les sujets masculins, notamment chez des espèces de singes proches de l’homme, comme les chimpanzés. Des études démontrent que les mâles les plus agressifs sont aussi ceux avec le taux de testostérone le plus élevé.

Mais pour Jean-Claude Dreher, neuroscientifique au CNRS de Paris, «le lien entre testostérone et agressivité n’est pas établi. Jusqu’à présent, les preuves rassemblées étaient indirectes, comme par exemple avec cette étude de l’augmentation de la testostérone et le niveau de crime des prisonniers.»

Générosité inconsciente

Le scientifique étudie l’influence de la testostérone sur le comportement humain. Son étude, basée sur une variante du jeu de l’ultimatum, démontre que les hommes avec un taux de testostérone plus élevé sont plus enclins à la violence, mais pas seulement ! Des comportements prosociaux sont aussi observés, comme par exemple une hausse de générosité.

Attention, derrière ce comportement altruiste, une intention inconsciente se cacherait. Jean-Claude Dreher constate que «ces résultats pourraient permettre de comprendre comment le mâle dominant d’un groupe de singes, avec un niveau de testostérone plus élevé que ses subordonnés, maintient son statut. En plus d’être agressif, celui-ci pourrait se montrer généreux envers eux afin de leur rendre accessibles les ressources qu’il contrôle.»

Éducation et environnement

L’agressivité est inscrite dans nos gènes. Elle est une manifestation de notre instinct de survie. Si des études démontrent que les hommes sont plus violents que les femmes, cela se traduit aussi par l’éducation et l’environnement de l’individu dès l’enfance. Les comportements agressifs chez les petits garçons sont récompensés ou punis avec plus d’indulgence que les petites filles.

Les hommes expriment davantage leur émotion par une forme d’extériorisation. Contrairement aux femmes qui intériorisent et sont sujettes à la dépression ou à d’autres problèmes psychologiques. Si l’enfant a vécu dans une cellule familiale violente, il sera plus facilement attiré par la violence.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 31 octobre 2019

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