Traverser le vide sur des brins d’herbe !

Pas un outil moderne n’est utilisé pour la construction du pont qui se termine par des grandes festivités © Getty Images

Direction le Pérou pour découvrir un savoir-faire ancestral hérité des Incas : la construction d’un pont en herbes tressées. Ce samedi à 17h15, Arte diffuse le documentaire «Le Pont d’herbes tressées de Q’eswachaka».

C’est un rituel immuable qui dure depuis plus de cinq siècles. Chaque année, le pont d’herbes tressées de Q’eswachaka est détruit puis reconstruit. Pour ce faire, quatre communautés villageoises travaillent ensemble.

Réseaux d’importance 

À première vue, ce pont fait de corde, à l’aspect vieillissant, qui s’affaisse de chaque côté de la rivière Río Apurímac, dans les Andes péruviennes, n’est pas très engageant. Pourtant, au XVIe siècle, lorsque les colons espagnols débarquent au Pérou pour renverser l’Empire et s’emparer de ses richesses, ils sont impressionnés par l’exploit d’ingénierie que représentent les nombreux ponts suspendus.

Construits dans des zones où les rivières sont trop larges pour être reliées par des troncs d’arbres, ces ponts ont joué un rôle majeur pour l’empire inca, qui s’étendait alors du sud de l’actuelle Colombie jusqu’au Chili. «Les ponts faisaient partie intégrante de l’expansion de l’empire et traversaient la géographie andine très inhospitalière dans quatre directions», détaille José Barreiro, directeur du bureau de l’Amérique latine à la Smithsonian Institution, dans le National Geographic. «Ce réseau de routes et de connexions symbolise ce que les Incas considéraient être leur mission : découvrir le monde.»

Faire et défaire

Au fil des ans, ces ponts artisanaux sont tombés en désuétude et le nouveau réseau routier du XXe siècle a eu raison d’eux. Sauf de celui de de Q’eswachaka. Ainsi, chaque année, la première semaine de juin, les habitants de Quehue se réunissent durant trois jours pour détruire et restaurer leur pont. Même si un passage plus moderne a été construit tout près, les autochtones n’ont de cesse de s’affairer pour maintenir la tradition.

«Les méthodes de construction du pont ont peu changé au fil des siècles. On commence par la collecte de brins d’herbes hautes, qui sont tordus ensemble pour former de fines cordes. Celles-ci, à leur tour, sont torsadées pour former des cordes plus grosses, qui sont finalement tressées pour former les lourds câbles», explique le National Geographic. «Les câbles sont fixés à des bases en pierre et des constructeurs de ponts expérimentés commencent à se frayer un chemin des bords jusqu’au milieu du pont, tissant les côtés et la partie inférieure avec des herbes et des morceaux de bois. Une fois que les deux équipes se sont rencontrées au centre du pont, elles posent des nattes sur le sol.»

Si la technique est aussi fiable qu’ancestrale, par sécurité, il n’est pas permis de s’y engager à plus de quatre personnes.

Cet article est paru dans le Télépro du 26/1/2023

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