Eurovision : «Nous sommes des amuseurs publics !» (interview)

Eurovision : «Nous sommes des amuseurs publics !» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Soirée exceptionnelle pour les 60 ans de l’Eurovision, ce mardi dès 20h20 sur La Une. Jean-Louis Lahaye et Maureen Louys vont commenter le concert des plus belles chansons de l’histoire du concours. Et quels sont leurs souvenirs ?

L’Eurovision vous évoque quoi ?



Maureen Louys : Evidemment, Sandra Kim ! J’avais reçu le 45 tours en 1986. Je vois très bien le rose sur la pochette, et je vois très bien aussi celui sur sa tenue. Alors pour moi, l’Eurovision, c’est Sandra Kim ! Et d’ailleurs, je me souviens qu’il y a un doute sur la sonorité du refrain. Sandra dit «J’aime LE vie»…

Jean-Louis Lahaye : Je me souviens des soirées en famille. Le moment «obligé» dont tout le monde parlait, et tout le monde trouvait ça extraordinaire. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Mais pour moi, c’était la réunion familiale par excellence. À mon époque, il n’y avait pas grand-chose d’autre à la télévision, ce jour-là !

Une chanson qui vous vient à l’esprit ?



JLL : Johnny Logan, «Hold me now» (en 1987 pour l’Irlande, à Bruxelles, NDLR).

ML : France Gall, «Poupée de cire, poupée de son» (Luxembourg 1965, NDLR) et Urban Trad, en 2003. (Maureen se met à chanter)

JLL : Avec une petite anecdote pour France Gall. L’orchestre a refusé de jouer ce titre parce que le tempo était trop rapide pour eux. Ils ont fait une mini grève… Bon, après, ils ont quand même accepté de le jouer parce que c’est quand même du Gainsbourg ! Alors, il faut préciser aussi que quand Maureen chante, tu as une idée du titre avant, mais sur le moment, son interprétation est assez déroutante même pour les plus mélomanes.

ML : Et Mélanie Cohl, «Dis oui». Je me souviens pas mal des Belges qui nous ont représentés… (le tour de chant reprend, NDLR)

Le succès de l’Eurovision, c’est aussi les commentaires ?



JLL : Merci, dites ! Vous avez besoin d’argent vous… (Rires)

ML : Je ne sais pas si on fait le succès, mais en tout cas, on prend beaucoup de plaisir à le faire. C’est une grande fête pour tout le monde. Nous on se marre bien, et si on peut amuser le téléspectateur avec quelques petites phrases bien trempées ça et là, c’est pas mal !

JLL : Nous sommes des amuseurs publics !

Pour les 60 ans, c’est plutôt un concert et pas un show…



ML : On va garder le ton que l’on a habituellement.

JLL : On prépare pas mal, mais on laisse une bonne place à l’impro. La question que l’on se pose entre nous, c’est «qu’est-ce que le public se dit en regardant l’Eurovision depuis son salon ?»

ML : Et c’est d’ailleurs ce qui ressort des commentaires sur les réseaux sociaux durant les soirées. «Je pense la même chose que vous». Nous disons tout haut ce que les gens pensent tout bas, en restant dans les limites…

Vous avez vraiment des limites ?



ML : Personne ne nous les donne, mais on fait un peu notre autocensure.

Comment s’est formé votre duo pour l’Eurovision ?



JLL : Pour moi, ça tombait comme une évidence ! Il fallait reprendre le flambeau après Jean-Pierre Hautier. Une chose pas simple du tout. Et le défi était tant professionnel qu’humain. Pour moi, c’était Maureen et personne d’autre. Clairement !

Maureen, vous étiez intéressée ?



ML : Nous travaillons ensemble depuis longtemps… C’est mon collègue préféré. Il y a une bonne dynamique, et on rit beaucoup entre nous. Commenter l’Eurovision ou déconner en radio sur VivaCité comme on le fait, c’est la même chose. Je vous avoue qu’en 2013, lors de la première demi-finale, je ne savais pas à quelle sauce j’allais être mangée. En plus, c’était Roberto Bellarosa qui concourait pour la Belgique, et j’étais assez parti pris et fan aussi forcément, puisqu’il venait de «The Voice». Mais c’est un exercice génial et drôle à faire.

Avec Loïc Nottet, il y aura encore du parti pris…

JLL : J’ai vraiment hâte de le voir sur la grande scène de l’Eurovision. J’ai confiance en lui. C’est un artiste à part entière, avec un titre vraiment super. Il est jeune pourtant, il a compris beaucoup de choses… On a de bonnes chances ! Je n’ose pas penser qu’on n’accèdera pas à la finale.

Le côté OVNI ne vous fait pas peur ?



ML : Mais je ne trouve pas que c’est un OVNI, même si on l’a évoqué lors de la présentation.

JLL : Et Conchita Wurst, c’était quoi alors ?

ML : Peut-être qu’on sort du schéma traditionnel de l’Eurovision, mais depuis les deux ans où je commente le Concours avec Jean-Louis Lahaye, je trouve que ça part de plus en plus dans tous les sens. Je ne suis pas sûre que Loïc Nottet sera pris comme un OVNI. Il apporte quelque chose de dingue. La Belgique amène un produit intéressant avec le style et le charisme de Loïc, et moi j’y crois sincèrement.

JLL : C’est un élan de fraîcheur pour l’Eurovision.

Jean-Louis Lahaye, en presque 10 ans de Concours Eurovision, quel est celui qui vous a le plus marqué ?



JLL : C’est celui auquel je n’ai justement pas participé où Lordi a remporté le Grand Prix (2006, NDLR). J’envoyais des SMS à Jean-Pierre Hautier et j’entendais qu’il se marrait dans la cabine. Il était presque certain que je le rejoindrais l’année suivante pour les commentaires, et je me suis dit comme Jean-Pierre, que le groupe des monstres finlandais n’avait aucune chance. Je n’aurais pas mis un balle sur eux. C’est ça aussi qui est formidable avec l’Eurovision. On est entre génie et misérabilisme en permanence…

Enchaîner six lives de «The Voice» et l’Eurovision, ce n’est pas trop lourd ?



ML : Non, car l’Eurovision arrive comme une récréation. On a bien compris qu’il n’y a pas de cadre, ou pas beaucoup. Comparé à «The Voice» où le format est très rigide, presque mathématique. Pour l’Eurovision, c’est très décontracté.

JLL : Et en plus on mange des chips tout le temps !

ML : Oui, avec des chips, il ne peut vraiment rien m’arriver ! (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

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