
Bien sûr, il faut écouter la parole des victimes, et les respecter, mais la télévision n’est pas une salle de tribunal.
Le 12 février dernier, France 3 déprogrammait le téléfilm «La Loi de Damien» dans lequel joue Richard Berry. Prévue de longue date, la (re)diffusion du programme tombait en pleine affaire où le comédien est accusé d’inceste.
Bien sûr, il faut écouter la parole des victimes, et les respecter, mais la télévision n’est pas une salle de tribunal.
Et quand bien même, la présomption d’innocence prévaut même si le «qu’en dira-t-on» des réseaux sociaux s’empare de l’affaire. C’est ce que vient de rappeler Roselyne Bachelot, ministre française de la Culture, et tutelle de l’audiovisuel. La réaction de France 3 est un peu cavalière et non justifiée. La chaîne reprogrammera la fiction…
Cette histoire en rappelle d’autres. Celle de Roman Polanski, rattrapé par la libération de la parole des femmes et #MeToo, le réalisateur est devenu un paria du 7e Art. Bien sûr, il a été condamné, bien sûr, il est coupable. La Justice a tranché ! Mais lorsque le scénario de «J’accuse» est arrivé sur le bureau de France Télévisions – bien avant les polémiques et longtemps après les décisions judiciaires – c’est une coquette somme que la chaîne a investi dans le film avec l’intention de proposer une grande soirée cinéma aux téléspectateurs. Il n’en sera rien. Canal+ a depuis relégué le film sur un canal thématique confidentiel, et France 2 est dans l’embarras… Cet été, BeTV a bien diffusé «J’accuse» mais dans la plus grande discrétion.
On peut aussi évoquer «Derrick» dont la RTBF a banni l’inspecteur de ses grilles lorsque – cinq ans après la mort de Horst Tappert – l’on a découvert le passé nazi du comédien, durant la guerre…
Quand la télé veut laver plus blanc que blanc…
Pierre Bertinchamps
Journaliste