
Et si l’ouverture sur le monde restait le fait de la télévision ? Combien de fois, en zappant, n’êtes-vous pas tombé sur une émission qui vous a surpris, intéressé, passionné ? Sur un sujet auquel vous n’auriez probablement jamais pensé si, par hasard, vous n’aviez agité votre zapette ?
Internet, en revanche, à grands coups d’algorithmes, et en fonction de vos consultations antérieures, vous propose toujours le même type d’informations, vous englobe dans une «bulle cognitive». C’est le terme employé par Eli Pariser, spécialiste du cyberespace, dans «The Filter Bubble» («la bulle filtrante», Penguin Books, 2011).
Le militant américain de 37 ans y montre comment le moteur de recherche Google (c’est vrai aussi pour les réseaux sociaux) - recalibré six cents fois par an - passe au crible les comportements en ligne, s’adapte au profil des usagers et les enferme dans une vision du monde toute personnelle.
En 2001, déjà dans «Republic.com» (Princeton University Press), Cass R. Sunstein, professeur de droit à Harvard, se préoccupait de la sécheresse intellectuelle opérée par ce filtrage invisible.
Alors, allumez... la télé !
Nadine LEJAER
Rédactrice en chef