
C'était «l'un des derniers monstres sacrés» du cinéma français. C'est ainsi que de nombreux confrères ont commenté la disparition de Jean-Paul Belmondo. Une expression galvaudée ?
De «Pierrot le fou» à «L'As des as», l'acteur français au charisme exceptionnel a eu l'itinéraire d'un enfant gâté du cinéma, champion du box-office, avec quelque 80 films et 50 ans de carrière. Il laisse derrière lui des millions de fans véritablement émus par le départ de cette figure familière de nos écrans, qui nous a fait vibrer, rêver et rire dans tant d'œuvres devenues «des trésors», comme dirait Emmanuel Macron.
Si l'on en croit la pluie d'hommages qui déferlent depuis l'annonce de sa mort, on ne peut en effet que qualifier Bébel (à ce propos, connaissez-vous un autre acteur qui jouisse d'un tel sobriquet affectueux ?) de «monstre sacré», au sens de l'expression popularisée dans les années 1930-40 par Jean Cocteau pour évoquer son idole Sarah Bernhardt : une vedette au-dessus du lot, hors norme, qui fait l'unanimité autour d'elle. Ici, le terme monstre ne renvoie pas aux affreuses bestioles de la mythologie, mais découle directement du latin «monstrum», signifiant «être prodigieux et spectaculaire».
Mais Belmondo était-il pour autant l'un des «derniers» de ces fameux monstres sacrés du cinéma ? Alors là, on n'est pas tout à fait d'accord ! Que fait-on alors d'autres grands noms encore bien vivants tels que Pierre Richard, Gérard Depardieu, Daniel Auteuil, Catherine Deneuve, Alain Delon, les membres de la troupe du Splendid, Jean Reno... ? Et au niveau mondial, je ne citerai que Robert De Niro, Al Pacino, Clint Eastwood, Robert Redford...
L'inoubliable interprète de Bob Saint-Clar dans «Le Magnifique» s'en étonnait lui-même : «Je n'aurais jamais imaginé devenir une vedette». Alors, laissons le temps aux monstres d'aujourd'hui de devenir véritablement sacrés demain.
Et merci pour ces tous ces bons moments de cinéma, Bébel !
Julien Vandevenne
Rédacteur en chef adjoint