
Samedi soir, la 11e Cérémonie des Magritte du Cinéma, sur la RTBF, a fait flop. Chronique d’une mort annoncée ?
Sur papier, en 2011, tout semblait s’accorder pour que les Magritte du Cinéma belge soient une réussite. Certes, on s’était largement inspiré de ce que faisait Canal+ pour les César, mais l’idée de mettre en valeur notre cinéma pour mieux le promouvoir en a séduit plus d’un (moi y compris). Et les moyens y étaient, peut-être un peu trop, mais la fête du cinéma avait lieu, même si la diffusion sur une chaîne à péage (BeTV) en faisait plutôt un Carré VIP qu’un rassemblement populaire devant la télé.
À l’époque, la RTBF pestait d’avoir été snobée pour la diffusion de ce grand rendez-vous du cinéma, au point que lors de la 1re édition, la chaîne avait fait le service minimum… Quelques années plus tard, les Magritte sont confiés au service public avec pour objectif de plus de visibilité.
On s’attendait à une belle soirée strass et paillettes, sur La Une. Il n’en sera rien. Refroidie par les audiences sur BeTV, la RTBF refourgue le bébé à La Deux. Question de public, nous dit-on (comme à chaque fois). Cette année, c’est La Trois qui hérite du fardeau. «Question de public», se souvient-on. Et le résultat est là. Une soirée dont le surréalisme aurait sans doute plu à René Magritte, qui naviguait entre moments de gênance et ennui profond sur fond de wokisme exacerbé.
Même si la RTBF préfère communiquer sur le succès d’audience du week-end (la série «Pandore») plutôt que la débandade annoncée sur La Trois. Selon L'Avenir, il y avait 26.800 téléspectateurs devant Les Magritte 2022, on doit être très loin des 170.000 personnes, en 2019, sur La Deux. Pour une meilleure visibilité, on repassera...
Pour l’édition 2023, deux possibilités s’ouvrent à l’Académie André Delvaux : accepter d’être reléguée en décrochage sur Arte Belgique façon «Tout le Baz’art», ou peut-être aller frapper à la porte de RTL-TVI où une autre façon de faire et avec d’autres idées rendraient ses lettres de noblesses aux Magritte ? On n'a plus rien à perdre...
Pierre Bertinchamps
Journaliste