
Les organisateurs de l’Eurovision clament haut et fort que la politique n’a pas sa place dans l’événement. Vraiment ?
«Les faits politiques à l’Eurovision, c’est une rumeur de journalistes». Voilà, ce qu’on entend dans les couloirs de l’événement le plus regardé au monde. Et pour cause : pour l’UER et les producteurs, la politique reste devant la porte. Mais elle rentre toujours par les fenêtres…
Si, samedi soir, les bookmakers voient juste depuis trois mois, et que l’Ukraine remporte le 66e Grand Prix, que va-t-il se passer ? Les diffuseurs européens vont se mettre la tête dans le sable et faire semblant de ne rien voir ? On sait qu’en cas de victoire, la guerre médiatique qui oppose les présidents Zelensky et Poutine va prendre une tournure eurovisionesque. Le premier brandira bien haut sa victoire devant son voisin exclu de la compétition. Si ça, ce n’est pas un geste politique…
En cas de victoire, va-t-on pouvoir aller faire la fête en Ukraine, l’année prochaine ? Où ? Comment ? Avec quoi ? On parle de plusieurs années pour tout reconstruire et des dizaines de milliards d’euros…
La Russie, l’Ukraine, Israël, les Balkans… Des tas d’exemples qui démontrent que la culture et la chanson peuvent être apolitiques en apparence, mais que si on gratte un peu le vernis, il y a bien d’autres préoccupations en coulisses.
Il est sans doute politiquement incorrect de ne pas vouloir que le pays martyr de l’Europe gagne l’Eurovision, mais c’est peut-être un mal pour un bien. Même perdre à l'Eurovision devient un geste politique !
Depuis Turin, Pierre Bertinchamps