
S'il ne va sans doute pas trop embêter les favoris des Oscars, des César ni même des Magritte, Kendji Girac livre une prestation des plus courageuses dans «Champion», téléfilm que l'on a pu découvrir ce mardi sur La Une, et que l'on pourra également voir lundi prochain sur TF1.
À l'occasion de sa première expérience en tant que comédien, le chanteur gitan incarne un jeune homme illettré, qui cache ses lacunes à son entourage, jusqu'à ce qu'un accident de la vie le contraigne à révéler son lourd secret. Un sujet qui le touche au plus près, lui qui a révélé avoir parfois eu du mal, par exemple, avec la lecture des prompteurs.
«Pour mon premier rôle, on a décidé, avec mon entourage, d'aborder ce sujet qui va servir à plein de monde», nous a-t-il confié dans une interview vidéo. «Je suis un peu le porte-parole des gens qui ne savent pas lire et écrire», revendique même l'interprète de «Ma belle Andalouse».
Et il a bien du mérite ! Car le problème est encore largement tabou, bien qu'il touche une très large partie de la population. En Belgique, on estime que cela concerne 1 personne sur 10 ! Pas forcément des je-m'en-foutistes, à l'image du personnage incarné par Kendji. Mais des citoyens qui n'ont pas bénéficié des bons soutiens au bon moment. Des victimes de décrochages scolaires qu'on a oubliés sur le bord de la route, et qui n'ont eu d'autre choix que de se faire petits, par honte, pour se fondre dans la masse.
Hélas, à notre époque plus que jamais, l'écrit joue un rôle central dans nos existences. À l'approche de la Journée internationale de l'alphabétisation du 8 septembre, l'asbl Lire et Écrire vient de lancer un appel au monde politique à mettre en place un «plan ambitieux» de lutte contre les inégalités numériques.
Alors que l'usage du numérique est devenu prépondérant pour effectuer de nombreuses tâches administratives et même, dans certains cas, pour prendre un rendez-vous médical ou renouveler son titre de transport, Lire et Écrire, cité par l'agence Belga, rappelle que ces manipulations nécessitent une bonne maîtrise de l'écrit. Elles excluent donc les personnes peu scolarisées ou en difficulté de lecture et d'écriture, rappelons-le, près d'1 Belge sur 10 !
En venant en aide à ces exclus silencieux du système, Kendji Girac a fait le choix de dévoiler une faille importante, de s'exposer par rapport à bon nombre de ses collègues qui s'évertuent à offrir au public une image lisse et aseptisée.
Prenez-en bonne note, ce n'était pas forcément écrit d'avance, et c'est plus qu'honorable !
Julien Vandevenne
Rédacteur en chef adjoint
(Re)découvrez notre interview vidéo de Kendji Girac :