
Depuis l'annonce du décès d'Elizabeth II, les chaînes de télé bouleversent leurs grilles à tour de bras. D'Arte à AB3, toutes veulent absolument lui rendre hommage. Est-ce exagéré ? C'est oublier tout ce que le petit écran doit à la souveraine.
Des documentaires par-ci, des éditions spéciales par-là, des directs allongés et commentés par tous les spécialistes de la monarchie connus et reconnus... Les déprogrammations touchent la plupart des chaînes depuis jeudi soir 19h30. Impossible d'échapper à cette vague d'émotion qui submerge nos écrans.
Vous me direz qu'à chaque personnalité qui disparaît, s'ensuivent presque inévitablement des hommages télévisés. Mais avec le départ de la reine d'Angleterre, c'est du jamais-vu en nombre de modifications des grilles. D'autant que le phénomène revêt une ampleur mondiale.
Pour comprendre cela, on peut avancer l'incroyable longévité du règne de «The Queen» (seul Louis XIV a fait mieux !), ou encore le fait qu'il s'agisse d'un tournant majeur dans la passionnante saga des Windsor.
Mais la principale explication réside sans doute dans le lien particulier qu'a su entretenir Elizabeth avec les téléspectateurs tout au long de son règne. Rappelons en effet que le 2 juin 1953, le couronnement de la jeune Reine en l'abbaye de Westminster constituera l'un des événements fondateurs de la télévision grand public.
À une époque où très peu de foyers européens disposaient d'un poste dans le salon, la cérémonie a été le premier grand événement à être retransmis en mondiovision, soit au-delà des frontières du Royaume-Uni.
L'anecdote revient d'ailleurs souvent : de nombreuses familles se sont équipées d'un écran rien que pour pouvoir suivre le direct ! Cette émission de six heures en noir et blanc allait bouleverser la communication et la culture à travers le monde. L'ère de la télé de masse étaient lancée. L'année suivante par exemple, naissait l'Eurovision... et Télépro !
Et durant 70 ans, Elizabeth deviendra (parfois malgré elle...) un personnage familier de nos petits écrans. Que ça soit lors de ses sacro-saints discours de Noël ou lors de détournements potaches, elle est rentrée dans la culture populaire. Elle a même accompagné l'avènement des plateformes de SVOD, avec le récit de sa vie dans «The Crown» sur Netflix.
Alors, avant de zapper vers Charles III et la saison suivante, cela vaut bien un long moment de pause sur la fascinante existence de cette figure médiatico-historique.
Julien Vandevenne
Rédacteur en chef adjoint