
Un plateau de tournage, c'est souvent le royaume de l'illusion, avec ses panneaux de carton-pâte et ses jolies lumières cache-misère. Les animations par ordinateur font le reste. Mais quand on fait confiance à de véritables décorateurs, la qualité s'en ressent tout de suite.
L'un de mes coups de cœur de cet automne, c'est «Germinal», série-événement dont la conclusion est attendue ce mercredi soir sur France 2. Sans doute encore marqué par l'inoubliable prestation de Renaud dans le film de 1993, il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans cette adaptation en six épisodes du chef-d'œuvre de Zola. Mais une fois que l'on plonge dans les entrailles de ce récit aussi noir historiquement que lumineux socialement, on ne peut que reconnaître l'incroyable qualité de cette reconstitution !
Il faut dire que les producteurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour nous ramener dans l'ambiance de ce XIXe siècle en pleine révolution industrielle. Et ici, pas question de confier les détails de l'image à des modélisations codées par petits génies de l'infographie. Une centaine de personnes ont œuvré aux décors... en vrai !
Les tournages ont eu lieu sur 3 vrais sites miniers du nord de la France, où 22 tonnes de charbon ont été acheminées de Pologne. Pour recréer l'atmosphère poisseuse, 5 tonnes de boue ont été répandues dans la rue principale d'un village, et des façades des maisons et ont été «ravalées» à la mode de l'époque. Citons également la transformation de 1.200 m2 d'un carreau de mine pour le rendre identique à 1880. Sans oublier les 700 costumes gérés par 10 personnes en permanence pendant tout le monde tournage !
Voir le travail humain privilégié par rapport aux bidouilleries informatiques auxquelles on nous avait habitués ces dernières années, voilà qui est plus que symbolique quand on évoque un monument tel que «Germinal».
Julien Vandevenne
Rédacteur en chef adjoint