
Ce 20 mars, la chaîne tout info a raté le coche en zappant l’actualité dramatique à Strépy-Bracquegnies. Le dimanche, le monde s’arrête pour laisser LN24 se reposer…
Ce dimanche 20 mars 2022, la Belgique s’est réveillée groggy en apprenant le drame qui a endeuillé le carnaval de Strépy-Bracquegnies. Un chauffard a foncé sur un groupe de Gilles, en plein ramassage matinal, faisant six morts.
Très vite, les chaînes nationales ont modifié leurs grilles pour diffuser la conférence de presse du bourgmestre de La Louvière (en matinée) et la visite du roi Philippe (l’après-midi). Sur LN24 : rien. La grille dominicale est constituée de rediffusions entrecoupées de journaux télévisés, également multidiffusés. Et elle n’a pas bougé d’un iota. Un rendez-vous manqué.
Pourtant, LN24 s’autofélicite d’être la chaîne n° 1 de l'info en Belgique francophone. Canal Z visant une niche de téléspectateurs intéressés par le business et l’économie, LN24 n’a pas eu trop de mal à se faire sa place… Et toujours dans l’autosatisfaction, elle communiquait, le 25 février dernier, sur les 17 heures de direct concernant l’invasion russe en Ukraine : «Durant cette journée dramatique, plus de 1 million de Belges francophones se sont tenus informés via LN24 au travers de ses décryptages, ses reportages, ses rendez-vous explicatifs et ses témoignages.»
Mais ce 20 mars, sur un drame à 60 km de la rédaction : rien. Pas de direct (sauf ça et là sur Facebook), pas d’analyse, d’expertise, de témoignages… On nous dira que c’était dimanche, et que la rédaction n’avait peut-être pas la capacité et les moyens humains de réagir. Pourtant, «L’info continue», comme dit leur slogan.
Il y a peut-être aussi un problème de moyens… techniques. Les images de la guerre en Ukraine sont fournies par des agences ou les EVN (systèmes d'échange d'images entre chaînes). Il n’y a plus qu’à se servir et les balancer à l’antenne (facile et pas très cher). Pour faire un duplex à Strépy, il fallait dépêcher une équipe. C’est tout de suite moins facile et surtout plus coûteux…
Bref, dimanche, LN24 a raté une occasion de se démarquer des grandes chaînes et prouver qu’une place de numéro 1 de l'info, ça se mérite tous les jours, même le dimanche ! Gageons qu’IPM, son nouvel actionnaire majoritaire, va lui donner les moyens d’être sur la balle, même les dimanches et les jours fériés...
Pierre Bertinchamps
Journaliste