
RTL, TF1, la RTBF… Les programmes de soirée boivent le bouillon en nombre de téléspectateurs. L’extinction de la télévision est-elle programmée ?
«Snackmasters», «Les Traîtres», «Le Grand défi des animateurs», «Lego Masters»… Autant dire qu’ils n’ont pas cassé des briques au niveau des audiences. Malgré la nouveauté et l’originalité du concept (oui, c’est subjectif !), le public ne s’est pas pressé dans le salon pour regarder ces programmes. Quand ils avoisinent les 250.000 téléspectateurs, les patrons de chaîne sont contents. Les directeurs des régies publicitaires beaucoup moins. Il n’y a même pas cinq ans, un bon prime sur RTL-TVI, c’était le double !
Pourtant, les parts de marché restent bonnes, et c’est ce qui compte pour les annonceurs. Mais il faut le constater, la télévision linéaire perd du terrain ! Les chaînes premiums peinent à fédérer, et ce ne sont pas les nouveaux acteurs du marché (C8, TMC,…) qui ont fait chuter les audiences à ce point. La faute à qui ? Les plateformes de SVOD ! Elles ont supplanté le programme du soir. Lorsque l’on commence une série sur Netflix, Prime ou Disney+, on veut la terminer au plus vite, et on met au second plan la télévision linéaire en direct. «Tant pis, s’il s’est passé un truc, on ira le repêcher sur Auvio ou RTLplay».
Le tableau n’est pas tout noir. Les grandes marques comme «L’Amour est dans le pré», «Le Meilleur pâtissier», «Top Chef» ou «The Voice Belgique» font encore de bons scores, et parfois, au plus fort de la saison, on titille encore les 500.000 fidèles devant le programme. Mais ces formats risquent l’usure. Ils viennent tous de passer le cap des saisons «à deux chiffres».
Il n’y a pas panique au village, mais si l’arme contre les GAFAN reste la production locale, la bataille est loin d’être gagnée. Les récents rapprochements entre médias en Belgique (comme en France) vont-ils inverser la tendance ? C'est la grande interrogation de 2022.
Pierre Bertinchamps
Journaliste