
«C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat», écrivait Sénèque à son ami Lucilius, il y a près de deux mille ans, lui expliquant pourquoi le voyage en tant que tel ne suffisait pas à fuir «la tristesse et l’abattement» de l’esprit.
Un concept auquel feraient bien de réfléchir les dizaines de millions de touristes qui, chaque année, transhument mécaniquement d’un point à l’autre de la planète sans autre objectif que... de changer de climat. Alors qu’aujourd’hui, la prise de conscience du poids que fait supporter à l’environnement ces mouvements de masse suscite plutôt une certaine culpabilisation du voyageur.
Pensons au «flygskam», ce terme suédois signifiant la «honte de prendre l’avion», qui en a déjà convaincu plus d’un de privilégier d’autres moyens de locomotion. Car l’instinct de découverte est profondément inscrit dans notre humanité. Et ses bienfaits personnels et collectifs sont tels qu’il serait dommageable, voire tragique, de s’en priver.
Reste à réfléchir, comme les personnalités que vous découvrirez dans les pages qui suivent, au meilleur moyen d’y parvenir et rendre au voyage ses lettres de noblesse. Pour enfin rendre raison à l’auteur britannique G.K. Chesterton, lorsqu’il écrivit dans son autobiographie en 1936 : «Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir.»
Julien BRUYÈRE
Rédacteur en chef adjoint