
Le Concours Eurovision vient de plier bagage à Turin, et l’édition 2022 laisse un goût assez amer.
La 66e édition du Concours Eurovision de la chanson est derrière nous, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a autant surpris qu’elle a déçu. Le millésime 2022 ne restera pas comme l’un des meilleurs du plus grand show du monde. Entre le décor mal conçu, les couacs à l’écran et Laura Pausini qui fait un malaise, il y a de quoi discuter longtemps autour d’un Spritz…
Ce dont on parlera surtout, c’est la victoire de l’Ukraine, plus par compassion que par réel intérêt artistique. Précisons par ailleurs que le groupe Kalush Orchestra n’avait pas été plébiscité par le public ukrainien en octobre dernier, mais il doit sa participation au retrait d’Alina Pash, suspectée d’avoir voyagé en Crimée…
Si les jurys ont fait le job en tempérant la victoire annoncée de l’Ukraine, les Européens ont voté en masse pour le pays (plus que la chanson dont personne ne sait dire ni le nom du groupe, ni le titre, sans «gougueuler»…) par téléphone. À côté de ça, d’autres artistes voient leur rêve s’envoler en fumée, comme le Britannique Sam Ryder ou l’Espagnole Chanel Terrero dont l’histoire ne retiendra rien, même plus leur chanson.
Comme prévu, la victoire ukrainienne – outre le symbole – prend une part importante dans la guerre de communication entre l’Ukraine, l’Europe et la Russie. Le président Volodymyr Zelensky aimerait que le prochain Eurovision soit organisé à Marioupol, en mai 2023. Il y promet une ville pacifiée et reconstruite. Sauf que… 95 % des habitations ont été bombardées, qu’il y a eu plus de 20.000 morts et que, comme le soulignait le JT de la RTBF lundi soir, des habitants voulaient quitter la ville…
C’est donc un autre pays qui reprendra l’organisation des festivités à son compte. Le Royaume-Uni (2e) et l’Espagne (3e) sont dans les startings-block. La Rai aussi a proposé son aide, tout comme la Suède. La décision devrait tomber sous peu… Tout ça pour ça !
L’Eurovision vient de faire son entrée dans le débat politique, même si l’UER le conteste à chaque accusation. Moi, je referme l’album souvenirs de Turin 2022, en rêvant déjà à celui de 2023 où on prédit un retour de Monaco à la compétition. Recevoir le plus bling-bling des États européens dans la ville martyre du continent, un contraste des plus saisissants. Mais à l’Eurovision, tout devient possible !
Rentré de Turin, Pierre Bertinchamps