Des statuettes de terre cuite sont les seules traces laissées par des populations nigérianes disparues dans des circonstances mystérieuses. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire « Les Mystérieux trésors du Nigeria ».
« Quel peut bien être cet objet intrigant découvert par les ouvriers ? Et pourquoi diable le nettoient-ils à grandes eaux ? ». Le lieutenant-colonel John Dent-Young dirige des opérations minières dans le village de Nok, au centre du Nigeria. Il s’approche. Ses hommes ont en mains une petite statuette en terre cuite. Une tête de singe. Le militaire l’ignore encore, mais en ce jour de 1928, son équipe vient de découvrir le premier témoin d’une civilisation tombée dans l’oubli depuis près de 2.000 ans. Même son nom a disparu des mémoires. Celui de Nok lui sera attribué quelques années plus tard en raison du lieu de la découverte. Après d’autres mises au jour, tout aussi accidentelles que la première.
Épouvantail !
1943, toujours près du village de Nok. Des hommes creusent la terre à la recherche d’étain. Un des travailleurs trouve une tête en terre cuite. « Parfait pour le champ », se dit-il. Il la ramène chez lui et la dépose au sommet de son épouvantail… Elle y reste un an. Le directeur de la mine passe devant le champ d’ignames (des tubercules comestibles), trouve la tête sympathique, la rachète et la montre à un membre de son staff, archéologue de formation, Bernard Fagg. Celui-ci comprend l’importance de la découverte. Des fouilles sont entreprises, de nouvelles figurines sont exhumées, pour la plupart sous 8 mètres de sable et de terre.

Une vingtaine de sites ont, à ce jour, révélé des vestiges de la culture Nok. Avec eux se dévoilent les secrets d’une civilisation étonnante.
Remarquable
Elle apparaît au Nigeria 1.500 ans av. J.-C. « On a, à l’occasion, parlé d’une descendance immédiate avec l’Égypte ancienne », précise le site Web memoires-afrique.com. Cela expliquerait une partie de la maturité de cette civilisation à une époque où le reste de l’Afrique méridionale entre dans l’Âge de pierre. Car il n’y a pas que les terres cuites qui retiennent l’attention. Les archéologues exhument les restes d’une quinzaine de sites de fours utilisés pour la fonte du fer. Les fermiers Nok ont donc pu utiliser des houes, des haches à main et des fendoirs en fer pour cultiver céréales et légumes.
Éphémère
Revenons aux sculptures creuses. Têtes humaines (presque grandeur nature), figures d’humains et d’animaux en terre cuite sont les plus anciennes de ce type produites en Afrique subsaharienne. Détachées de leur milieu de conservation par l’érosion, emportées par des rivières, endommagées : leur contexte d’origine est difficile à reconstituer.

Comment vivaient les Nok ? On l’ignore. La civilisation Nok s’est répandue dans le centre du Nigeria sur une superficie équivalant à 2,5 fois celle de la Belgique. Pourtant, vers 200 avant notre ère, elle régresse. Pourquoi ? Aucune des hypothèses émises n’a encore pu être confirmée. Avant le premier millénaire, la civilisation Nok s’éteint. Elle nous laisse d’elle ses mystères et ses précieux témoins en terre cuite, silencieux.
Cet article est paru dans le Télépro du 10/7/2025