Biofluorescence : la nature sous les UV

La vision des animaux est différente de la nôtre. Celle de la perruche ondulée absorbe les ultraviolets. Elle utilise la fluorescence pour être plus attrayante pour le sexe opposé ! © Arte

Qu’ont en commun l’ornithorynque, la perruche ondulée et le scorpion ? Ils brillent dans le noir !

Sur la terre ferme, sous l’eau ou au creux du ciel, une lumière invisible danse en silence. Nombre d’animaux et de plantes, à l’abri des regards humains, se parent de lueurs secrètes : la fluorescence. Longtemps ignorée parce que l’œil humain ne permet d’en percevoir qu’une fraction infime, elle commence à livrer ses mystères à la science. Ce phénomène à la croisée du biologique et de l’optique se dévoile dans un somptueux documentaire en deux volets, signé Rachel Guénon et Samuel Guiton – diffusé ce jeudi à 15h10 sur Arte – véritable poème visuel : «La Vie en fluo».

L’amour ou la mort…

De la plus humble bactérie aux papillons des tropiques, en passant par les fleurs ou les champignons, la nature semble avoir appris à jouer avec les rayons ultraviolets, les transformant en éclats lumineux. Pourquoi ? Souvent pour aimer. Parfois pour tuer.

La fluorescence de l’araignée sauteuse (Cosmophasis thalassina) joue un rôle dans ses interactions sociales et sa reproduction © Arte

Chez l’araignée sauteuse Cosmophasis thalassina, espèce volontiers cannibale, la fluorescence peut être décisive dans le choix entre un accouplement et une mise à mort ! Car les informations qu’elle délivre chez les mâles ou les femelles sont radicalement opposées. Chez la femelle, elle indique la maturité sexuelle, chez les mâles leur caractère juvénile. Alors pour Madame, si Monsieur n’est pas apte à la reproduction, il peut très bien servir de quatre-heures…

Des fleurs appétissantes

Certains oiseaux, comme les perruches ondulées, originaires d’Australie, intègrent leurs motifs fluorescents dans les jeux de séduction. Dans le règne végétal, les fleurs ont appris à se rendre irrésistibles aux yeux de leurs pollinisateurs, sensibles aux ultraviolets et aux infrarouges, en exploitant l’ensemble du spectre lumineux.

Tenue de camouflage

Mais la fluorescence n’est pas qu’un langage amoureux, elle est aussi stratagème de chasse, ruse de camouflage, arme de survie.

Les yeux rouge fluo du tripterygion fonctionnent comme une torche, outil hors pair pour détecter les proies… ou les prédateurs © Arte

Le tripterygion, petit poisson méditerranéen, possède des yeux rouge fluo qui lui servent de projecteurs dans l’ombre marine, pour repérer proies ou dangers.

Les espèces du genre Nepenthes, redoutables plantes carnivores tropicales, utilisent la fluorescence de leurs fleurs, souvent bleue, pour attirer les insectes © Arte

De nombreuses espèces de Nepenthes, redoutables plantes carnivores tropicales, attirent leurs victimes par des reflets bleutés, émis par leurs urnes luisantes, comme autant de feux follets mortels.

Vers l’avenir et au-delà !

En réalité, la biofluorescence est plus courante qu’on ne le pense dans le monde animal et végétal. Elle révèle des mondes secrets et offre à la science des pistes nouvelles en écologie, en médecine, en biotechnologie. Elle nous rappelle aussi que sous les formes les plus discrètes, la vie sait briller d’intelligence. Et qu’il reste, dans les plis de la nature, une infinité de lumières à découvrir !

Cet article est paru dans le Télépro du 21/8/2025

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