Samedi à 20h30 sur La Trois avec le documentaire «Bombe atomique, secrets d’un compte à rebours», retour sur la lutte entre les États-Unis et l’Allemagne nazie pour fabriquer la première bombe atomique. Qui explosa au Japon il y a juste 80 ans…
GBU-57 : un nom barbare pour une arme brutale, sanguinaire, implacable. La plus grosse bombe de l’armée américaine. Un monstre antibunker de 13,6 tonnes d’explosifs, capable de percer jusqu’à 61 mètres de roche ou de béton avant d’exploser. La « Massive Ordnance Penetrator » (pénétrateur d’artillerie massive) ne contient pas de charge nucléaire. Pourtant, celle qui fait tant parler d’elle dans le conflit entre Israël et l’Iran fait immanquablement penser à une de ses illustres ancêtres. Il y a 80 ans, pratiquement jour pour jour, une autre bombe faisait la une de l’actualité. Elle s’appelait « Little Boy », « le petit garçon », un nom tout en douceur pour mieux dissimuler une terrifiante réalité.
Alamogordo
16 juillet 1945, Alamogordo, au Nouveau-Mexique. La région est désertique, d’habitude peu fréquentée. « D’habitude » car ce jour-là, près de 400 personnes sont présentes sur les lieux. Dans quelques heures, elles apprendront si les recherches menées depuis plusieurs années par le physicien Julius Robert Oppenheimer et ses collaborateurs ont abouti. Dans quelques minutes, elles sauront si le « Projet Manhattan », mené dans le plus grand secret par les États-Unis avec le soutien de la Grande-Bretagne et du Canada, est concluant. Dans quelques secondes, elles verront si l’arme nucléaire est au bout de ce long chemin, si la bombe atomique est devenue réalité.
Manhattan Project
L’histoire du « Manhattan Project » débute le 2 août 1939. Le physicien Albert Einstein adresse une lettre au président américain Franklin Roosevelt. Il lui explique l’intérêt du phénomène de fission de l’uranium récemment découvert en Allemagne et son application possible à la fabrication d’une bombe atomique. La guerre vient de commencer en Europe. Rien ne semble pouvoir arrêter les troupes d’Adolf Hitler. L’utilisation du nucléaire à des fins militaires les rendraient invincibles. Tout comme deviendrait invincible n’importe quelle nation la possédant, l’Union soviétique par exemple. La course est lancée.
Uranprojekt
L’Allemagne comprend très rapidement l’enjeu pour le IIIe Reich. Dès avril 1939, les dirigeants nazis lancent l’« Uranprojekt », le projet uranium. L’armée et les scientifiques étudient les possibilités que pourraient offrir le nucléaire à la Wehrmacht, la bombe notamment. Les Alliés prennent la chose très au sérieux. Fin 1943, ils lancent l’opération « Alsos », trois missions de renseignement pour savoir où en sont les nazis, quels problèmes ils rencontrent. Car du côté allemand, le projet uranium piétine. Malgré les efforts, il échoue. Les scrupules des scientifiques allemands, peu désireux de mettre entre les mains d’Hitler une arme de destruction massive, ont-ils joués un rôle dans cet échec ? Il semble plus réaliste d’incriminer, entre autres, le manque de budget attribué au projet (alors que les Américains consacraient 26 milliards de dollars au Projet Manhattan), une organisation défaillante ainsi que les capacités diminuées de l’industrie.
Gadget
Retour à Alamogordo. Jour J. Après deux années à affronter et à résoudre une multitude de problèmes techniques et scientifiques, ils y sont. La première explosion expérimentale est déclenchée par télécommande à 17 km de la bombe appelée « Gadget ». « Moins d’une minute plus tard, l’onde de choc parvient aux observateurs tandis qu’un nuage champignon s’élève à 13 km d’altitude », relate Universalis France. L’essai est réussi. La machine de destruction massive est enclenchée. Le 6 août 1945, les États-Unis larguent « Little Boy » sur la ville japonaise d’Hiroshima. 78.150 morts, 13.982 disparus, 9.428 blessés graves. L’Union soviétique teste sa première bombe quatre ans plus tard. La menace nucléaire plane sur l’Humanité depuis 80 ans…
Cet article est paru dans le Télépro du 26/6/2025