Dimanche à 20h15 sur La Une dans «Un monde à part», immergeons-nous avec François Mazure dans l’incroyable ville de Chongqing, la plus grande de Chine par sa superficie.
Méconnue, Chong–qing est pourtant remarquable à bien des égards. Cette municipalité du sud-ouest de la Chine, grande comme trois fois la Belgique, compte 34 millions d’habitants et plus de deux-mille gratte-ciel dépassant les trente étages. Découvrons cette mégalopole tentaculaire où la pointe de la technologie côtoie, parfois, la pauvreté extrême.
À l’ouest rien de nouveau
Dans les années 1950, Chongqing n’est rien de plus qu’un amas de petites bâtisses agglutinées sur des collines où vivent deux millions d’âmes. 75 ans plus tard, le lieu, toujours surnommé « ville-montagne », est devenu la plus grande municipalité au monde. Pourtant, ce hameau d’origine modeste n’était en rien destiné à devenir une superpuissance. Alors qu’elle est la première ville chinoise à s’ouvrir officiellement aux échanges internationaux, Chongqing est laissée-pour-compte par les autorités du Parti Communiste. À la fin des années 1970, les réformes menées par Deng Xiaoping, entre autres, qui visent à conduire le pays vers plus d’ouverture, entendent concentrer leurs politiques économiques sur le développement du littoral et ses villes portuaires, à l’instar de Shanghai. En plein cœur des terres de la région occidentale, qui ne représente que 14 % du PIB national, Chongqing reste alors une province faible économiquement.
Pari gagnant
Tout change dans le courant des années 1990 : les éminences communistes décident qu’il est temps de déployer l’économie et la démographie de l’ouest chinois afin de rééquilibrer cette partie du pays face aux désormais prospères Pékin ou Hong Kong. Chongqing leur fait de l’œil, ils veulent en faire la Chicago chinoise. En 1997, elle est promue en municipalité autonome et les milliards de yuans injectés dans le développement de la ville font le reste : tours gigantesques, réseaux routiers dantesques et métro aérien, en quelques années Chongqing semble sortir d’un livre de science-fiction.

Bien plus que dans son architecture, c’est aussi dans son ADN-même que la ville est modifiée, le modèle économique jusqu’alors basé sur l’industrie lourde est redirigé vers les secteurs de l’automobile et des télécommunications. Dès les années 2000, le taux de croissance de la ville s’envole et les conditions de vie s’améliorent à la même vitesse. Revanche ultime d’une citée longtemps négligée : durant la période de la crise financière de 2008, Chongqing est la seule municipalité qui peut se targuer d’avoir vu son PIB augmenter.
Bang, bang !
Si Chongqing apparaît comme un véritable modèle de réussite, les inégalités y sont malheureusement présentes et sont incarnées par ceux que l’on appelle les « bang bang » : des porteurs. Avant son explosion urbaine, rappelons que Chongqing était une montagne et, encore aujourd’hui, ses rues demeurent escarpées et certains endroits innaccessibles autrement qu‘à pied.

Les « bang bang » ont ainsi pour mission d’affronter ces ruelles pentues avec des charges, allant parfois jusqu’à 100 kilos, posées sur des bouts de bambou, pour une dizaine d’euros par jour. Ces petites mains se compteraient en centaines de milliers, mais leur avenir semble incertain, avec les transformations inéluctables de la ville, leur métier est très probablement voué à disparaître.
Toujours plus fou !
• On trouve à Chongqing le plus long escalator d’Asie, avec une inclinaison à 30 degrés.
• L’un des échangeurs routiers de Chongqing compte cinq niveaux et quinze bretelles.
• Une des lignes du métro aérien de la ville traverse un immeuble résidentiel de dix-neuf étages.
• Les trois quarts des ordinateurs vendus dans le monde sont assemblés à Chongqing.
• Chaque année, 300.000 nouveaux habitants rejoignent la ville qui connaît 11 % de croissance annuelle, le plus fort taux de toute la Chine.
Cet article est paru dans le Télépro du 3/7/2025