Climat : comment fonctionne un méga-orage ?

La fréquence orageuse va grandissante et notre pays est concerné… © France 5/Xavier Delorme
Alice Kriescher Journaliste

Lundi à 21h05 sur France 5, Jamy Gourmaud nous en dit plus sur les « méga-orages », ces phénomènes météorologiques qui agitent de plus en plus notre ciel.

L’année dernière, notre pays a compté 101 jours d’orages. C’est durant le mois de septembre que le ciel nous est le plus tombé sur la tête, avec 18 jours tonitruants, contre 7,5 en moyenne. Selon le bilan climatique annuel de l’IRM, il s’agit d’un nouveau record absolu depuis les premières mesures de 1928, le précédent datait de 1990 (17 jours). Le plus souvent durant l’été, ces événements classiques se transforment en ce que l’on qualifie de « méga-orage ». De quoi parle-t-on exactement ?

Par Toutatis !

L’un des « méga-orages » les plus spectaculaires est dit « supercellulaire » ou « super-cellule ». Jusqu’à présent plutôt cantonné aux États-Unis, il épargne de moins en moins les cieux européens. Imprévisible et très violent, il peut être à l’origine de rafales de vent de plus de 100 km/h, de grêlons géants, de précipitations diluviennes et, parfois, de tornades. La structure de cet orage, en forme d’anneaux superposés, est reconnaissable.

Ses autres spécificités ? Tandis qu’un orage classique représente plusieurs cellules plus ou moins éparpillées, dégageant chacune des précipitations, le supercellulaire n’est donc formé que d’une seule cellule orageuse. « Une super cellule très locale et animée d’une profonde rotation sur elle-même », indique Christophe Mertz, météorologue d’Atmo-Risk, sur France 3. « Cela est dû à des conditions spécifiques : ce sont des paramètres de vent et d’instabilité météorologique bien précis, soit de la chaleur qui remonte, combinée à beaucoup d’humidité… »

Ogre orageux

Les orages supercellulaires sont loin d’être les seuls à menacer la tranquillité de notre ciel. Le derecho est un autre cas particulier, au potentiel tout aussi dévastateur. Celui dont le nom signifie « tout droit » en espagnol n’est rien d’autre qu’un rouleau compresseur : une taille de plus de 100 km (pouvant atteindre les 1.000 km), des vents supérieurs à 93 km/h et un parcours minimum de 400 km. Comme les supercellulaires, ces derniers sont capables d’engendrer des rafales atteignant les 120 km/h et de créer de petites tornades. Chez nous, un derecho avait causé des dommages conséquents à Ciney, en juillet 2010. Nos voisins français ont, quant à eux, payé un lourd tribut quelques années plus tard, en 2022, lorsqu’un derecho s’est abattu sur la Corse, provoquant la mort de douze personnes.

Plus fréquents

Tout comme les supercellulaires, les derechos sont davantage répertoriés en Amérique du Nord qu’en Europe. Notre continent ne souffrirait du phénomène qu’à raison d’un derecho tous les deux à quatre ans, contre au moins un par an outre-Atlantique. Pour combien de temps encore ?

Une récente étude française a démontré que le nord-est de l’Hexagone et la Belgique risquaient d’être bien plus exposés aux derechos dans les années à venir : « Leur fréquence est plus élevée dans le nord-est et l’est du pays, avec des événements qui concernent aussi souvent la Suisse, le Benelux et l’Allemagne », indique le Centre national de la recherche scientifique français. Même constat pour les supercellules.

Avec la persistance du réchauffement climatique, l’Europe devrait voir le nombre d’orages de ce genre augmenter d’environ 11 %, de manière inégale selon les pays, d’ici à 2050. Si la France et la péninsule ibérique ne sont pas concernées par cet accroissement, le centre et l’est de l’Europe, notamment les Alpes autrichiennes, devraient constater une augmentation de 56 % de ce type d’orages. La région de la mer Baltique, quant à elle, serait la moins bien lotie avec un boom à + 116 % de ces explosions célestes.

Le saviez-vous ?

• En Europe, l’été 2025 a été marqué par des conditions météo extrêmes dues au dérèglement climatique. Coût total de la facture européenne des dégâts : 43 milliards d’euros.

• 829 kilomètres, c’est la longueur record détenue par un éclair apparu dans les Grandes Plaines aux États-Unis, en octobre 2017.

Cet article est paru dans le Télépro du 25/9/2025

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