Crète antique : une civilisation matriarcale ?

Certains vestiges montrent les reines-prêtresses de Crète dans des postures incantatoires, prouvant leur importance par rapport au divin © Harald Staudach/EPO-Film

Des recherches suggèrent que dans la très prospère société minoenne (2.600 à 1.100 av. J.-C.), les femmes auraient été très actives dans maints domaines, dont les rites religieux, l’art, le commerce et la gouvernance. Supposition ou réalité ?

Les vestiges du quotidien minoen soulèvent bien des questions que le documentaire « Les Reines-prêtresses de Crète » (samedi soir sur Arte) explore avec minutie. Parmi les objets retrouvés, des fresques placent les femmes au premier plan. Une silhouette féminine, surdimensionnée, est même représentée au centre d’un rituel d’adoration. Ce qui amène archéologues et historiens à penser que la société minoenne (apparue sur les îles de Crète, Santorin et plusieurs autres de la mer Égée) était organisée de manière matriarcale. Voire plus : de façon matrilinéaire où biens matériels et ascendance de la lignée se transmettaient par héritage de mère en fille ; ou matrilocale, situation où le mari emménage dans la maison de sa femme plutôt que l’inverse…

Intermédiaires des déesses

Contrairement aux autres systèmes antiques où les dames avaient des rôles domestiques et reproductifs, la civilisation minoenne à l’âge du Bronze, aurait offert une place prépondérante à la gent féminine. Des fouilles ont mis au jour des preuves très convaincantes : sceaux et anneaux gravés de figures féminines brandissant des sceptres ou présidant des rituels sacrés. Les plus puissantes d’entre elles auraient été les prêtresses, issues de l’élite et l’aristocratie, qui étaient les intermédiaires terrestres entre les mortels et les déesses dont le culte était alors au cœur des préoccupations. Elle auraient donc été des modèles respectés, voire vénérés. Sur des documents iconographiques, on en voit même bras ouverts en signe de puissance divine.

Rôles économiques et politiques

Outre les cérémonies religieuses, les prêtresses auraient participé aux discussions politiques et économiques. Gérant la culture et l’élevage, toutes auraient aussi contribué à la production agricole et l’économie locale. Tandis que leur savoir-faire artisanal (production textile, poterie) aurait également joué un rôle crucial dans le commerce. Mais le plus étonnant serait leur autonomie juridique, leur droit de posséder des biens et d’hériter de richesses. Ce qui aurait donc fait d’elles les égales des hommes. Si tel est le cas, cela démontre que l’égalité des sexes n’est ni une situation nouvelle, ni une condition de vie moderne !

Cet article est paru dans le Télépro du 14/08/2025.

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