Cirrus, cumulus, nimbus ou stratus : quel est leur rôle dans le réchauffement climatique ? Acteurs capitaux, ils sont loin d’avoir livré tous leurs secrets. Ce samedi à 22h25, Arte diffuse «Le Monde mystérieux des nuages».
Mon ami Steve se gratte la tête. Lui, d’habitude si jovial et décontracté, est soucieux. Il faut dire que la brique à étudier pour passer l’examen de pilotage aérien a de quoi assombrir son ciel. Nommez le nuage qui peut produire de la grêle, listez les caractéristiques du cumulonimbus, de l’altocumulus, du nimbo-stratus et du stratocumulus… Je vois passer dans son regard comme une brume de désespoir annonciatrice d’un possible orage au moment de passer l’épreuve du brevet. Pour le rassurer, je lui dirais bien : non mon Steve, t’es pas tout seul. Même les scientifiques les plus chevronnés s’interrogent sur les nuages. Comment se forment-ils ? Quel est leur rôle dans le fonctionnement du climat ? Peut-on envisager de les exploiter ? Quand il s’agit de répondre à ces questions (et à beaucoup d’autres) les concernant, les objets de ta galère se nimbent d’un voile de mystère. Samedi soir sur Arte, le documentaire « Le Monde mystérieux des nuages » propose de lever un coin de ce rideau vaporeux.
Au gré du vent
Au fait, un nuage, c’est quoi ? Un amas visible de gouttelettes d’eau (et de glace). De quoi se compose-t-il ? D’air, de vapeur d’eau et de particules d’eau liquide ou solide en suspension dans l’atmosphère. Jusque-là, tout semble simple. En y regardant de plus près, c’est une autre paire de manches. Pourvoyeurs d’eau et de vie, ils transportent une multitude de particules d’un continent à l’autre. Que contiennent-ils exactement ? Mystère. Visibles, ils sont toutefois insaisissables et difficiles à analyser. Selon les heures, la température, l’humidité, les saisons ou le vent, ils changent continuellement d’apparence et de composition. Eux que nous croyons proches et familiers, ils sont aussi énigmatiques. Les scientifiques en sont persuadés : résoudre ces énigmes permettra de mieux comprendre l’évolution du climat.
La tête dans les nuages
Depuis un an, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale japonaise (Jaxa) collaborent à la mission EarthCARE (Explorateur de nuages terrestres, d’aérosols et de rayonnements). Quatre cents kilomètres au-dessus de nos têtes, leur satellite surveille l’atmosphère terrestre. Les nuages vont-ils refroidir ou réchauffer notre planète ? Futura, le portail Web de vulgarisation scientifique, rappelle leur rôle essentiel sur le climat. Les cumulus, présents à une altitude assez basse, ont un effet rafraîchissant de parasol, ils réfléchissent une partie du rayonnement solaire vers l’espace. Au contraire, « d’autres types de nuages, plus fins, permettent aux rayons solaires de passer à travers eux, ce qui réchauffe l’air ». C’est le cas des cirrus. Comme ils recouvrent entre un tiers et la moitié du ciel terrestre, il est important de les étudier pour connaître leur impact sur la température.
Facteur clé
Une autre question taraude les chercheurs. Quelle sera l’influence du réchauffement climatique sur la formation des nuages ? Seront-ils plus ou moins nombreux ? « Certains pensent qu’un climat plus chaud entraîne plus d’évaporation et donc plus de nuages », schématise le site Web de vulgarisation sur le climat, Le Climat en questions. « D’autres pensent au contraire qu’un climat plus chaud est nécessairement plus sec, et donc que l’on doit s’attendre à moins de nuages. » Ces derniers constituent donc une des principales incertitudes pour la prévision du climat futur. Quel rôle vont-ils jouer dans le réchauffement ? Pourront-ils servir de ressource pour faire face aux pénuries d’eau ? Grâce à des dispositifs innovants aux quatre coins de la planète, des chercheurs sont bien décidés à percer le brouillard.
Cet article est paru dans le Télépro du 29/5/2025