Drôlement stylé !

En 2023, une tiktokeuse new yorkaise déchaînait les réseaux sociaux en racontant que le garçon qu’elle fréquentait lui avait volé sa paire de Tabi ! © Getty Images
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

Certaines pièces de mode suscitent rires ou incompréhension à leur sortie, pour se retrouver sur la « wish-list » des accros du shopping plusieurs décennies plus tard.

Nos vêtements nous aident-ils à nous sentir mieux dans notre peau ? C’est la question que pose Arte samedi soir. Il faut en tout cas beaucoup d’audace pour s’afficher dans les atours que la mode d’hier et d’aujourd’hui nous propose !

La boiterie d’Alexandra

1867. La princesse de Galles Alexandra du Danemark, épouse du futur roi Edouard VII, était une icône de la mode. Alors, lorsqu’à la suite d’une crise de rhumatisme, elle se mit à boiter, toutes les bonnes dames de l’Angleterre victorienne se mirent à claudiquer, canne à la main. Malins, des cordonniers imaginèrent des chaussures aux hauteurs de talons dépareillées.

These boots are made for walkin’

Le mot anglais « mischief » peut se traduire par « méfait ». Et des actes controversés, le collectif MSCHF, originaire de Brooklyn, en a plus d’un à son actif. Se réappropriant les produits d’autres marques, ils créent des objets qui, immanquablement, créent le buzz. Comme leurs Nike sataniques, vendues à 666 exemplaires et comportant une goutte de sang dans la semelle. En 2023, c’est sa Big Red Boot qui affole la toile : une paire de bottes oversize, inspirées des chaussures du personnage de manga Astro Boy. En 7 minutes, ses bottines caoutchouteuses, vendues 326 €, sont en rupture de stock. Elles sont parfois revendues trois fois ce prix…

Subversives Tabi belges

En 1974, Martin Margiela entre à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers où il côtoie « Les Six d’Anvers ». Ensemble, ils bousculent la mode des années 1980. Pour son premier défilé, il rêve d’une chaussure révolutionnaire, donnant l’illusion d’un pied nu. S’inspirant d’un voyage au Japon où il a découvert les « jika-tabi », des chaussettes portées par les ouvriers depuis le XVe siècle, il imagine les Tabi. Ces bottines en cuir, reconnaissables à leur séparation marquée au gros orteil, dérangent autant qu’elles fascinent. Déclinées à l’infini, les Tabi ont quitté les sphères les plus pointues pour rejoindre le dressing de toutes les it-girls (et boys). Dua Lipa, Zendaya ou Pedro Pascal en tête.

Mode et détritus

Jusqu’où la mode peut-elle aller ? Quand s’agit-il de provocation gratuite ? La question semble légitime face à certaines pièces de mode au budget faramineux qu’on hésiterait à porter, même contre rémunération. En tête de classement, les sneakers « destroyed » de Balenciaga qui ressemblent à des Converse qu’on aurait laissé pourrir dans une décharge municipale. Prix de vente ? 1.450 €. Le Français Louis Gabriel Nouchi, lui, a imaginé un t-shirt avec une fausse marque de transpiration sur le torse, tandis que Gucci propose des jeans qui semblent avoir été frottés dans l’herbe. Mais la palme revient peut-être finalement au « Pee Stain Denim » (« jean taché d’urine ») de la marque anglo-italienne JordanLuca, qui arbore un semblant de tache humide à l’entrejambe…

Ceci n’est pas un sac

Eh bien si : une pochette signée JW Anderson, vendue 690 €. Pas fan des pigeons ? La marque britannique vous propose aussi de vous balader avec un macareux ou un canari sous le bras.

Plastique chic

En 2002, le monde découvre les Crocs, chaussures qui deviendront peut-être les plus clivantes de l’Histoire. Incontournables des foyers et hôpitaux, les Crocs ne font pas l’unanimité chez les modeux. Et pourtant. En 2016, des mannequins défilent, Crocs aux pieds, lors du show de Christopher Kane à la Fashion Week de Londres. Deux ans plus tard, à Paris, Balenciaga en propose une version compensée. Horreur ou génie, difficile pour les fashionistas de s’accorder… La période covid et son envie de confort finissent de scotcher ces « ugly shoes » à tous les petons. La marque référence presque une centaine de collaborations : vertes aux allures de Shrek, à talons, habillées de cristaux Swarovski, surmontées d’une breloque à la forme et – à l’odeur ! – de poulet frit KFC. Même les people s’y mettent : Post Malone, Justin Bieber et Bad Bunny, entre autres, ont leur propre modèle.

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