Ce vendredi à 19h50 avec «Douaniers : à la frontière du risque», RTL tvi entame une série de reportages consacrés aux douaniers en Belgique.
Oui, les douaniers existent encore chez nous et leurs fonctions sont multiples ! Ces agents du ministère des Finances luttent contre les trafics en tous genres. Nous avons voulu en savoir plus sur ce métier mal connu. Notre interlocutrice est directrice régionale des contrôles douaniers de 1re ligne.
En quoi consiste le métier de douanier depuis l’abolition des frontières ?
Nous avons énormément de compétences, réparties en trois métiers différents. Il y a la vérification des marchandises en transit dans les entreprises qui font de l’import/export. Puis il y a le contrôle des accises chez les opérateurs économiques : distilleries, brasseries, raffineries, commerces (boissons alcoolisés ou non, bières, tabacs, etc.). Enfin, il y a le métier le plus visible, mais qui n’est que la pointe de l’iceberg : les contrôles sur la voie publique.
Que contrôlez-vous ?
En tant qu’agents du SPF Finances, nous vérifions la fiscalité du transport des marchandises : les droits de douane, les accises, l’utilisation frauduleuse de « gasoil rouge », mais aussi tout ce qui relève du droit commun (armes, stupéfiants), contrôle des tachygraphes, etc. Nos services de 1re ligne sont missionnés pour le recouvrement de toutes les amendes pénales qui ont été jugées. Nous utilisons l’AMPR qui scanne les plaques d’immatriculation et réagit si le conducteur est « signalé ». Nous avons le même équipement que la police : des véhicules d’interception, des scanners mobiles, des motards, des maîtres-chiens… Et les douaniers des équipes volantes sont armés.
Pourtant, les biens peuvent désormais circuler librement en UE ?
Pour les particuliers oui, mais pour les entreprises et les commerçants, il y a des règles car la fiscalité des différents pays de l’UE n’est pas uniforme. Dès qu’une marchandise entre en Europe, elle circule librement, mais elle est soumise à des taxes nationales. Et la liberté de circulation ne s’applique pas à toutes les marchandises : l’alcool et le tabac, par exemple, sont soumis aux règles fiscales belges.
Et pour les marchandises que nous ramenons de vacances ?
Des limites de quantité existent, mais ces limites sont indicatives. S’il y a suspicion d’un aspect commercial, c’est au conducteur de prouver qu’il ne vendra pas la marchandise transportée. Si vous ramenez du tabac ou de l’alcool, il faut que ce soit pour votre consommation personnelle. Vous ne pouvez même pas en ramener pour votre famille ou vos amis.
Quelles sont les compétences d’un bon douanier ?
Le respect de la législation et des règles, et de la personne, pour ne pas créer de discrimination. Être à l’écoute. Il faut avoir de l’empathie, tout en faisant respecter la loi. Il faut savoir garder son calme, gérer l’agressivité des contrevenants et graduer notre réaction. L’arme à feu ne sera sortie qu’en dernier recours, en cas de légitime défense.
Est-ce compliqué pour une femme d’exercer ce métier ?
Il y avait très peu de femmes chez les douaniers, cantonnées au secrétariat. Désormais, la tendance va à la parité, même si, sur le terrain, les hommes restent plus nombreux. Mais il n’y aucune discrimination à l’embauche et les femmes peuvent faire une belle carrière, obtenir des grades importants. J’en suis un bon exemple : j’ai été engagée enceinte, puis j’ai gravi les échelons…
Quelques chiffres
Notre pays emploie 3.254 douaniers, agents de l’Administration générale des douanes et accises.
En 2024 les douaniers ont réalisé 18.633 contrôles sur le « gasoil rouge » en Belgique, et constaté 857 infractions.
Cet article est paru dans le Télépro du 28/8/2025