Du cumin en Turquie, des baies de genièvre en Albanie, des boutons de fleurs de câpriers en Sicile ou de la coriandre au Portugal… Dès ce lundi à 15h50 avec «Les Sanctuaires d’épices», Arte nous embarque dans un voyage épicé.
Longtemps considérées comme des trésors, les épices nous accompagnent depuis des millénaires. Qu’elles soient communes ou d’exception, dans la plupart des cas, elles possèdent de réelles vertus pour la santé. Inventaire non exhaustif.
L’ancienne
C’est probablement, avec les graines de moutarde, l’une des premières épices utilisées par l’homme, elle s’accorde à merveille avec tous les plats et, de surcroît, est bonne pour l’organisme ! Véritable valeur ajoutée à un repas, notre bon vieux poivre s’avère un protecteur vasculaire de qualité, mais il nous permet surtout de mieux absorber les aliments. « Si le poivre blanc est le plus doux, le noir est très digestif et au top contre l’obésité. Un repas est cinquante fois plus digeste quand il est poivré ! », indique Geneviève Martin-Callède dans son ouvrage « Livre santé des épices » (Éd. du Dauphin). La raison ? Sa richesse en pipérine, un composé qui stimule la production de salive et sucs gastriques.
La Caliente
Outre le pouvoir piquant de certaines épices, elles peuvent également donner chaud d’une autre manière : en boostant la libido. Si l’on a longtemps prêté ce pouvoir presque exclusivement au gingembre, les spécialistes semblent avoir revu leur copie. Certes, ce dernier n’est pas dénué d’intérêt, notamment pour ses propriétés antinauséeuses et anti-inflammatoires. Mais, pour ce qui est du potentiel aphrodisiaque, « on peut mentionner tous les ginsengs en général, dont la maca, plante d’origine péruvienne, qui est très stimulante », indique le docteur Vincent Renaud, médecin nutritionniste, sur les ondes de France Inter. Pour varier les plaisirs, bien que son odeur soit assez forte et son goût amer, cela n’empêche pas le fenugrec de posséder un effet androgénique, comprenez relatif aux caractères sexuels mâles, sur la libido. Cette plante, qui se cultive dans nos contrées, est par ailleurs conseillée durant les périodes de préménopause et de ménopause.

La controversée
Parmi les épices, la coriandre ne fait définitivement pas l’unanimité. Pourtant, celle que l’on nomme aussi « persil chinois » ne manque pas de qualité : elle contient linalol, flavonoïdes et acides phénoliques, soit des molécules aux effets antioxydants, anti-inflammatoires et antimicrobiens. Mais rien n’y fait, pour environ 10 % de la population mondiale, l’épice « miracle » a un goût de… savon ! C’est aux molécules, aldéhydes cette fois, que l’on doit cette malédiction. Chez la majorité d’entre nous, ces dernières développent pour notre palais des notes fraîches, citronnées voire un peu poivrées. Pour les autres, la variation génétique du chromosome 11 modifie cette perception et donne à la coriandre, même en présence infinitésimale, un goût pur et simple de liquide vaisselle.

La tendance
Depuis quelques années, c’est la star des boissons instagrammables, nous avons nommé le « golden latte » ou « lait d’or ». Ce breuvage, à base de lait donc, doit ses reflets coucher de soleil à son autre ingrédient principal, le curcuma, à la couleur jaune caractéristique. Sur les réseaux, on lui prête volontiers une efficacité hors norme et rares sont les maladies, d’Alzheimer, à l’eczéma, en passant par l’asthme, qui résisteraient à cette épice. S’il est évident que le curcuma n’est en rien un remède universel, son composé actif, la curcumine, possède effectivement de nombreuses propriétés, notamment anti-inflammatoires.

Du côté des instances officielles, à l’instar de l’OMS, l’on reconnaît comme « cliniquement justifié l’usage du curcuma dans les digestions difficiles avec hyperacidité et flatulences » et comme « traditionnel (c’est-à-dire sans preuves cliniques) son usage dans le traitement des ulcères gastroduodénaux, de l’arthrose, des règles douloureuses ou irrégulières, de la diarrhée et des problèmes de peau. »
Bon à savoir
Pour profiter des bienfaits annoncés des épices, l’art est dans la régularité et la parcimonie. À plus forte raison quand on sait que la consommation de quelques-unes est contre-indiquée en cas de grossesse ou de certaines maladies. Le cas échéant, il est donc essentiel d’en discuter avec un professionnel de la santé, comme le souligne la nutritionniste Laurence Plumey : « Les épices à petite dose, formidable. Par contre, à forte dose, prudence, c’est un stress pour le corps ! »
Cet article est paru dans le Télépro du 11/12/2025