GPM : le satellite qui voit à travers les nuages

Outre l'observation des catastrophes, le GPM permet de surveiller les forêts et terres cultivées, de mettre à jour des cartes de terrains et infrastructures… © AFP via Getty Images

Depuis onze ans, le GPM fournit de précieuses informations sur la météo et le climat de la Terre. Un sujet évoqué ce mercredi à 23h35 sur La Une dans «Matière grise – express».

« 3, 2, 1… takeoff (décollage) ! ». Sur le pas de tir du centre spatial de Tanegashima, au Japon, le compte à rebours s’achève. Ce 27 février 2014, à 13 h 37,heure locale, une fusée japonaise H-2A s’arrache lentement du sol. Dans un fracas assourdissant, enveloppée d’un panache de fumée blanc, elle emmène vers l’espace un passager appelé GPM, pour Global Precipitation Measurement (Mesure globale des précipitations). Ce satellite de 3,2 tonnes est le fruit d’une collaboration entre la Nasa et l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (Jaxa). La mission conjointe doit permettre d’observer des précipitations (pluie et neige) à l’échelle mondiale. L’objectif : améliorer la compréhension du cycle de l’eau et de la météorologie, en fournissant des données de haute qualité sur les précipitations. Le temps de dire cela, la fusée n’est déjà plus qu’un petit point lumineux dans le ciel. Le satellite se prépare à entrer en action.

Toujours plus haut

Américains et Japonais n’en sont pas à leur coup d’essai. Ensemble, ils ont déjà mené la mission de mesure des précipitations tropicales (TRMM) entre 1997 et 2015. TRMM avait permis d’obtenir des données capitales. Avec le lancement de sa « petite sœur » GPM, la Nasa et Jaxa visent encore plus haut. Là où TRMM était principalement axée sur les tropiques, la nouvelle mission couvre une zone géographique mondiale, régions polaires comprises.

Autre amélioration : GPM mesure non seulement les précipitations liquides, comme TRMM, mais aussi les chutes de neige. Progrès supplémentaire : les estimations de précipitations sont envoyées toutes les 3 heures contre 17 heures au préalable.

Toujours plus précis

Le progrès technique majeur concerne le matériel emporté. GPM utilise le radar de précipitations à double fréquence (DPR) ainsi que l’imageur micro-ondes GPM (GMI). Pour faire simple, ces instruments permettent une meilleure estimation de l’intensité des précipitations. Ils donnent aussi davantage de précision sur la structure des tempêtes. « Nous pouvons désormais mesurer tous les types de précipitations mondiales, de la bruine légère aux fortes pluies en passant par la neige », déclarait à l’époque sur le site de la Nasa la scientifique Gail Skofronick-Jackson. « Toutes ces nouvelles informations nous aident à mieux comprendre comment l’eau douce se déplace dans le système terrestre et contribue à des phénomènes tels que les inondations et les sécheresses », déclarait cette directrice de la division des sciences de la Terre au siège de la Nasa, décédée inopinément depuis lors.

Toujours plus loin

Pluie et neige, ouragans, typhons et moussons, crues soudaines et cyclones tropicaux : depuis onze ans, la mission conjointe Nasa-Jaxa fournit ses nombreuses observations à partir d’un réseau de satellites. La Nasa insiste sur ses apports. Elle pointe notamment l’amélioration des connaissances sur le cycle de l’eau de la Terre et son lien avec le changement climatique, l’amélioration des capacités de prévision des risques d’inondations, de sécheresses et de glissements de terrain, l’amélioration des prévisions de récoltes agricoles et de la surveillance des ressources en eau douce. « GPM fournit beaucoup plus qu’une nouvelle méthode d’estimation des précipitations par satellites », analyse la revue scientifique Climatologie. Ce programme a mis en place le cadre d’une collaboration internationale.

Cet article est paru dans le Télépro du 17/7/2025

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