De l’Acropole au Mont-Saint-Michel en passant par le Colisée, les bâtisseurs d’hier ont laissé à leurs successeurs quelques énigmes à découvrir. Ce mardi à 21h45, Tipik diffuse « L’Acropole : mégastructure de la Grèce antique ».
Construire une église sur du vide, ériger des temples sans plan, inventer un béton qui tient deux mille ans : les bâtisseurs de monuments célèbres ont rivalisé d’ingéniosité. Tous leurs secrets sont loin d’être expliqués.
Les 12 travaux des Grecs
Nous sommes en 449 av. J.-C. Du haut de ses 156 mètres, l’Acropole (du grec ancien « akros » : haut et « polis » : ville) surplombe Athènes, tel un phare pour l’Occident. Les batailles de Marathon (-491) et de Salamine (-480) ont définitivement scellé la défaite de l’Empire perse face à l’alliance des cités-États grecques. Mécène, stratège et homme d’État, Périclès décide de faire de ce plateau rocheux d’un peu moins de 3 hectares le site le plus emblématique et le plus représentatif de la magnificence de la Grèce antique.
Là où se dressait une citadelle, le père de la démocratie veut construire plusieurs temples et monuments remarquables. En quelques années à peine (quinze pour le Parthénon), architectes, artisans, esclaves, sculpteurs (dont le célèbres Phidias) font sortir de terre le Parthénon, les Propylées, le temple d’Athéna Niké (la victorieuse) et l’Érechthéion.
Rien que pour ces quatre bâtiments, il faut hisser 100.000 tonnes de marbre au sommet de la colline. Ce n’est pas tout. 2.500 ans plus tard, les archéologues et les rénovateurs sont stupéfaits par les techniques utilisées. Leurs prédécesseurs ont par exemple dissimulé au cœur des pierres des systèmes antisismiques, développé des technologies géniales pour assembler entre eux des blocs de marbre de dix tonnes. Sans plans, sans angles droits, comment ont-ils atteint une précision aussi parfaite et une telle harmonie ? L’utilisation des lois de la perspective pour corriger les imperfections apparentes ? Pas seulement.
« La précision des calculs a permis de créer un espace qui offre un équilibre remarquable entre rigueur mathématique et beauté naturelle, une leçon intemporelle pour les architectes modernes », explique le Musée de l’Agora antique d’Athènes. Près de vingt-cinq siècles après sa construction, l’Acropole reste un des lieux les plus emblématiques et les plus représentatifs de la magnificence de la Grèce antique.
Le ciment romain, c’est béton !
À 1.200 km de là, dans un style différent, Rome et les Romains ne sont pas demeurés en reste. Nous sommes en 70 après J.-C. Après que l’Empereur Néron a confisqué le centre de Rome aux habitants pour y construire son palais, son successeur, Vespasien, décide de leur rendre la ville. La Domus aurea, la Maison dorée, est rasée. Le Colisée est construit. Comment cet édifice est-il toujours debout de nos jours ? Ici aussi, les spécialistes se sont longtemps posé la question. L’un des secrets de sa longévité est qu’il a été construit en béton… romain. Beaucoup plus résistant et durable que celui utilisé par les Égyptiens pour leurs pyramides, il est constitué de « pouzzolane » (un matériau issu de roches volcaniques trouvées dans la baie de Naples), de chaux, d’eau, mais aussi de pierres, de gravier ou de fragments de tuiles. Le pont du Gard et le Panthéon ont le même secret de longévité.
Un ange passe
Comment construire une église sur le Mont-Saint-Michel ? La question se pose en 1020. Problème : le projet est ambitieux, une partie du grand édifice (80 m sur 20 m) doit être construit… sur du vide. Le secret, dans ce cas, ce sont les fondations. « Trois cryptes sont construites à même le rocher », explique RMC Découverte. Un tour de force technique qui permet de commencer le chantier sur une surface plane. « Un socle qui constitue une première dans l’histoire des monastères occidentaux. C’est presque comme si l’église flottait sur les autres constructions. Du jamais-vu. » Et nous ? Quels secrets les bâtisseurs actuels laisseront-ils à la postérité ?
Cet article est paru dans le Télépro du 15/5/2025