La musculation est aujourd’hui le sport préféré des jeunes. D’où vient cette fascination pour les beaux abdos ?
Il y a ceux qui font du sport pour la gagne, d’autres pour leur bien-être et leur santé, d’autres encore pour le plaisir de partager un moment entre potes… Et puis, il y a ceux qui pratiquent une activité physique à visée esthétique : les culturistes. Ils développent leur masse musculaire dans le seul objectif de donner à leur corps des allures sculpturales. Pourquoi ? Qui sont-ils ? Jeudi à 11h50, Arte se penche sur ces questions avec un documentaire : « Haltère ego. Une histoire de la musculation ».
Tablettes de chocolat
Biceps bombés, pectoraux saillants, abdos en tablettes de chocolat… Qui a eu l’idée de faire ainsi ressortir les muscles du corps humain ? On serait tenté de remonter à la Grèce antique, où nombre de statues affichent un profil ultra-musclé. Mais il s’agit là de représentations mythologiques. Aucun Grec, même parmi les athlètes, n’avait une musculature aussi développée qu’Héraclès. Pour voir apparaître le phénomène, il faut attendre la fin du XIXe siècle. Dans les cirques itinérants, entre les nains et les femmes à barbe, on voit émerger des hommes à la force surnaturelle. Parmi les artistes de l’époque, un nom se distingue : Eugen Sandow. Tandis que ses confrères se livrent à des démonstrations de force brute, ce jeune Allemand met davantage l’accent sur l’esthétisme de ses numéros. Il est le premier à lancer l’idée de bodybuilding (sculpture du corps). Engagé pour se produire à l’Exposition universelle de Chicago en 1893, il fera des émules à travers le monde.
De Schwarzie à Gymtonic
Autre personnage important de l’histoire du muscle : Joe Weider. C’est à ce culturiste canadien que l’on doit la fondation de la Fédération internationale de bodybuilding en 1949. C’est encore lui qui crée, en 1965, le concours Mister Olympia, qui désigne chaque année le meilleur culturiste du monde. Repéré par Joe Weider, Arnold Schwarzenegger décrochera le titre à sept reprises entre 1970 et 1980. Son physique de culturiste lui vaut ensuite d’être approché par Hollywood, où il décroche des rôles de héros musclés : Hercule, Conan, Terminator… Le succès de ces films entraîne un intérêt planétaire pour le bodybuilding dès le début des années 1980. Les hommes sont principalement concernés. Mais les femmes ne sont pas en reste puisque, au même moment, une autre star hollywoodienne les invite à se muscler : Jane Fonda produit des vidéos d’aérobic vendues aux quatre coins de la planète. En France, la télé récupère la tendance avec « Gymtonic », l’émission de Véronique et Davina lancée par Antenne 2 en 1982.
Le sentiment d’exister
Des entrepreneurs privés vont aussi surfer sur la vague. C’est notamment le cas de deux Néerlandais, René Moos et Eric Wilborts, un ancien joueur de tennis professionnel, qui créent Basic-Fit en 1984. L’enseigne exploite aujourd’hui plus de 1.200 salles de fitness aux Pays-Bas, en France et en Belgique. On en dénombre 229 dans notre pays. Malgré les décennies qui ont passé, l’intérêt ne faiblit pas. Au contraire. En témoignent des influenceurs très populaires comme Tibo InShape ou Juju FitCats. Selon un sondage français de 2023, la musculation est le sport favori des jeunes. Pour les garçons, il s’agit d’afficher une certaine virilité. Pour les filles, d’avoir la maîtrise de leur corps. Le sociologue Guillaume Vallet a étudié le phénomène. Sa conclusion : « Un corps musclé donne le sentiment d’exister. »
Cet article est paru dans le Télépro du 5/6/2025