Hâtons-nous de découvrir les animaux lents !

Rien ne sert de courir… © Getty Images/iStockphoto
Alice Kriescher Journaliste

Jeudi à 10h55 avec «Éloge des animaux lents», Arte s’intéresse à un sujet peu commun lorsque l’on parle du monde animal : la lenteur.

Relativement méprisée par les humains, la lenteur trouve quelques adeptes dans le monde animal. Des paresseux aux étoiles de mer en passant par les tortues, découvrons comment ces espèces, qui vivent sans se presser, ont su adapter leur spécificité pour tirer le meilleur parti de leur environnement.

Bienheureux le paresseux

Avec une moyenne de quatre mètres par minute, soit 0,24 km/h, le paresseux se repose tout de même de ses vifs efforts environ 14 heures par jour. Une aptitude à l’immobilisme que l’animal, au sourire constant, doit en grande partie à un régime alimentaire composé presque exclusivement de feuilles. Ces dernières lui procurent l’eau dont il a besoin et mettent une éternité à parcourir le tube digestif du mammifère le plus lent au monde. Résultat, le paresseux ne doit réellement bouger de sa branche, pour faire ses besoins, qu’une fois par semaine environ !

Le paresseux est le mammifère le plus lent du monde © Getty Images/iStockphoto

Cet as de la dolce vita n’est cependant pas sans ressources face à ses prédateurs. Outre ses griffes acérées et une vertèbre supplémentaire dans le cou lui permettant de tourner la tête à 270 °, il possède une arme secrète : une algue qui, vu l’amour de l’animal pour l’état statique, a tout le loisir de pousser sur son pelage, lui conférant une teinte verdâtre, soit le meilleur des camouflages pour continuer à roupiller au sommet des arbres.

Pour vivre longtemps, vivons lentement

S’il est un animal qui évoque la lenteur dans l’imaginaire collectif, c’est bien la tortue. En une heure, lorsqu’elle est terrestre, cette dernière ne parcourt qu’une distance de 250 mètres et, pour cette anti-Usain Bolt, 1 kilomètre en 60 minutes équivaut à un sprint. Selon les spécialistes, le pas lourd de la tortue serait principalement dû au poids de sa carapace, trop pesante par rapport à sa musculature, et au positionnement de ses pattes, mieux adapté à la stabilité qu’à la vitesse. Une absence de célérité qui ne l’empêche cependant pas d’être célèbre pour sa longévité record, qu’elle doit en grande partie à… sa carapace !

Non seulement ce bouclier possède un effet dissuasif sur les prédateurs potentiels, mais il permet également à la tortue de réguler sa température et de conserver plus efficacement son énergie durant toute sa vie.

Lent, mais travailleur !

Pour l’humain, la lenteur est volontiers associée à un manque de productivité.Heureusement, certains animaux nous prouvent le contraire. Comme nos lombrics européens, plus communément nommés vers de terre. Certes, ils n’impressionnent pas les radars avec une statistique de 83 mètres rampés en 24 heures. En revanche, l’animal est extrêmement efficace.

Lent, mais infatigable ! © Getty Images

La nuit, il se fraie un chemin vers la surface de nos sols pour se nourrir de matières organiques. Le jour, il redescend en sous-sol et y apporte nutriments et minéraux. Une action appelée la bioturbation, tout simplement indispensable à notre écosystème, puisqu’elle permet à nos sols d’être aérés, pourvus en circulation d’eau, et à de nombreux autres organismes de survivre dans la terre.

Y’a pas le feu au lac !

Il n’y a pas que sur terre que la lenteur est de mise, loin de là. Au cœur des fonds aquatiques, les lamantins, mammifères herbivores imposants, aussi appelés vaches marines, se laissent principalement porter par les eaux à raison de moins de 8 km/h. Même topo pour les étoiles de mer qui, en 24 heures, ne peuvent se déplacer que de 200 petits mètres. Enfin, l’un des champions de la lenteur sous les flots est sans nul doute l’hippocampe nain.

L’hippocampe nain a sa place dans le Guinness Book des records © PA Images via Getty Images

Avec une allure de 0,016 kilomètre par heure, soit environ 0,267 mètre par minute, le Guinness World Records a déclaré ce poisson le plus lent au monde. Une fois encore, cette nonchalance n’est en rien un frein à sa survie : en combinant sa structure rigide, ses couleurs vives en accord avec son environnement et sa nage extrêmement lente, l’hippocampe en devient pratiquement invisible aux yeux de ses prédateurs.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/9/2025

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