Histoire : Charlotte, la reine méconnue

La reine Charlotte, George III et leurs enfants (deux sont morts jeunes) © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Grand-mère de la reine Victoria et ancêtre de l’actuel roi Charles III, la timide Charlotte d’Angleterre va devenir la femme forte du royaume britannique à la fin du XVIIIe siècle.

« La Reine est mon médecin, et aucun homme ne peut prétendre en avoir un meilleur qu’elle ; elle est mon amie, et aucun homme ne peut prétendre en avoir un meilleur qu’elle. » Ainsi parlait de son épouse le roi George III, premier monarque de sa famille à ne pas avoir eu de maîtresse. Mercredi à 21h10, Stéphane Bern raconte, sur France 3, l’histoire de cette reine méconnue, à qui le jeune Mozart a dédié plusieurs sonates et qui a inspiré le célèbre dessert du même nom.

Originaire d’un minuscule duché enclavédans le nord-est du Saint-Empire romain germanique, la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz (1744-1818) est, à la surprise générale, choisie comme épouse par George III (1738-1820). Le célibat du monarque, arrivé sur le trône en 1760, suscitait alors l’inquiétude nationale. En septembre 1761, la jeune duchesse, âgée de 17 ans à peine et ne parlant pas anglais, débarque à Londres. Moins de six heures plus tard, elle épouse le roi d’une des plus grandes puissances de l’époque, lors d’un mariage fastueux dans la chapelle royale du palais Saint James.

Mariage heureux

Contre toute attente, ce mariage arrangé est une réussite. L’amour et la complicité qui lient la jeune Charlotte au Roi – ils partagent l’amour de la musique et de la botanique – dérogent à la règle des couples royaux de l’époque. Et pas moins de quinze enfants naissent de cette union passionnelle. Sous l’impulsion de la Reine, la gigantesque famille achète une résidence privée derrière le palais Saint James : Buckingham House, qui deviendra Buckingham Palace et qui est encore aujourd’hui la résidence royale. Avec l’aide de son époux, Charlotte s’adapte aux nombreuses règles de cette cour, parmi les plus rigides d’Europe. Elle apporte, malgré tout, sa touche personnelle, notamment en instaurant outre-Manche une tradition typiquement allemande : celle du sapin de Noël, qui gagne ensuite les autres pays.

Mais le conte de fées est loin d’être tout rose. Sous son règne, le royaume doit faire face à la guerre de Sept Ans, la guerre d’indépendance des colonies américaines, la Révolution française et la période napoléonienne. De plus, Charlotte doit affronter les problèmes mentaux du Roi, qui sombre peu à peu dans la folie. Démunis, les médecins tentent tout pour le soigner, quitte parfois à lui infliger des traitements controversés. Enfin, longtemps, la Reine s’oppose à son fils aîné, le prince de Galles, car ce coureur de jupons et joueur invétéré compte bien profiter de la faiblesse de son père pour monter sur le trône. Ce qu’il fera finalement durant les dix ans de la Régence, avant de régner à la mort de son père sous le nom de George IV.

Cet article est paru dans le Télépro du 15/5/2025

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