Hokusai : sous la vague

C’est l’une des œuvres nipponnes les plus célèbres ! © Les Nouveaux Jours productions

Vous connaissez cette image ? C’est l’estampe la plus reproduite au monde : « La Grande Vague de Kanagawa » de Hokusai.

C’est une énorme vague en spirale, bouffie d’écume, qui malmène trois barques de pêcheurs. Au fond, on aperçoit le sommet enneigé du mont Fuji… L’estampe mesure à peine 26 cm de hauteur sur 38 de largeur, mais c’est l’une des grandes œuvres de l’art nippon. Et l’une des plus reproduites au monde. Les Japonais la croisent au quotidien sur leurs billets de banque et leur passeport. Ailleurs, on la trouve en poster, sur des t-shirts ou des mugs. « La Grande Vague de Kanagawa », de Hokusai, est devenue une icône. Ce vendredi à 23h10, France 5 surfe sur la vague avec le documentaire « Hokusai, impressions du Soleil-Levant ».

À l’occidentale

Hokusai (1760-1849) est l’un des grands maîtres de l’estampe japonaise. La technique de l’estampe permet, en gravant l’œuvre sur bois, de la reproduire ensuite par impression. C’est ainsi que plusieurs exemplaires de « La Grande Vague » sont visibles aujourd’hui à New York, Londres ou Paris. Durant sa très longue carrière, Hokusai a produit des milliers de dessins. Pourquoi celui-ci sort-il du lot ? D’abord parce qu’il date de 1831, alors que l’artiste, déjà septuagénaire, est au sommet de la maîtrise de son art. Ensuite parce que Hokusai ose le mélange des genres. Le sujet et le style sont typiques de l’art traditionnel japonais, mais il utilise une perspective à l’occidentale ainsi qu’une couleur inconnue jusque-là au Japon : le bleu de Prusse.

Les hasards de l’histoire

« La Grande Vague » fait partie d’une série intitulée « Trente-six vues du mont Fuji ». Dans la culture japonaise, cette montagne est sacrée. Le dessin de Hokusai a donc laissé place à de nombreuses interprétations. Certains voient dans la vague une silhouette de dragon ou d’oiseau de proie. D’autres notent quelque chose qui relève du yin et du yang… Mais sa popularité tient aux hasards de l’histoire. Après avoir longtemps vécu en autarcie, le Japon s’ouvre au commerce international en 1858. La France se prend alors de passion pour l’art japonais. Les estampes arrivent par bateau, parfois comme simple papier d’emballage d’autres objets importés.

Un art nouveau

Mêlant japonisme et éléments plus familiers aux Occidentaux, « La Grande Vague » séduit très vite Paris. Les artistes découvrent dans cette estampe une tout autre manière de s’exprimer, d’appréhender le paysage, de travailler les courbes… Claude Monet en acquiert un exemplaire. Van Gogh et Toulouse-Lautrec sont également fascinés par l’œuvre. Debussy la fait imprimer en couverture d’une de ses partitions originales… Difficile d’en expliquer précisément les origines et les raisons, mais la France s’entiche du Japon via « La Grande Vague » de Hokusai. Les spécialistes estiment que cette estampe exercera une influence certaine sur la naissance de l’impressionnisme, puis sur l’Art Nouveau. Mort en 1849 sans jamais avoir quitté son Japon natal, Hokusai n’imaginait pas à quel point son estampe ferait des vagues…

Cet article est paru dans le Télépro du 19/6/2025

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