Le général Franco a dirigé l’Espagne d’une main de fer de 1936 à son décès, en novembre 1975. Comment ce proche de Hitler a-t-il pu rester si longtemps au pouvoir ?
2 novembre 1975. Le chef du gouvernement espagnol apparaît à la télévision, costume noir et mine sombre : « Españoles… Franco ha muerto ». Le général Franco dirigeait l’Espagne d’une main de fer depuis 1936. On le surnommait « el Caudillo » -le guide. Soit l’équivalent espagnol de « Führer » et « Duce ». Mais à la différence de Hitler ou Mussolini, Franco est mort de vieillesse, dans son lit… C’était l’ultime dictateur d’Europe de l’Ouest. Cinquante ans après son décès, France 5 retrace son parcours, ce dimanche à 21h05, dans un documentaire en deux parties : « Franco, le dernier dictateur ».
Putsch militaire
Février 1936. Les élections espagnoles portent au pouvoir une alliance de gauche : le Front populaire. Dans la très catholique Espagne, certains craignent qu’il s’agisse des prémices d’une révolution téléguidée par Moscou. Quelques mois plus tard, le général Franco tente de renverser la vapeur par un putsch militaire. Il échoue et déclenche une guerre civile. D’un côté les militants de gauche, qui lèvent le poing en signe de ralliement au Front populaire : ce sont les Républicains. De l’autre les Nationalistes, qui marquent leur fidélité à Franco par un salut nazi. Chaque camp a ses partisans. Les Républicains peuvent compter sur l’appui des Brigades internationales, constituées de bénévoles venus du monde entier. Mais en face, Franco a le soutien actif de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie. La destruction de Guernica, par exemple, est opérée par la force aérienne du Reich.
Répression, exécutions
La guerre d’Espagne aurait fait entre 600.000 et 750.000 morts. Tous ne tombent pas au front. Loin de là. Bon nombre sont victimes de répressions, d’épurations, d’exécutions. C’est un massacre. En avril 1939, Franco célèbre sa victoire. Son régime s’appuiera sur l’armée, mais aussi sur l’Église, qui lui apporte son soutien. Les historiens parlent d’ailleurs du franquisme comme d’un national-catholicisme. Après la chute de Mussolini et d’Hitler, le Caudillo ne renie rien de ses idéaux fascistes. L’Espagne accueillera d’ailleurs de nombreux fugitifs nazis, comme le Belge Léon Degrelle. Franco ne renie pas non plus ses méthodes expéditives. Il continue à traquer ceux qui s’étaient rangés aux côtés des Républicains. Si des centaines de milliers d’entre eux ont pris les routes de l’exil, les autres sont victimes d’une répression sanglante…
Des nostalgiques
L’Espagne est mise au ban des nations par l’Onu en 1946. Mais bien que rien n’ait changé dans la politique franquiste, elle est réintégrée en 1955… Pourquoi ? Parce que la guerre froide est là. Et Franco constitue un rempart indispensable aux yeux des Américains. Si l’Espagne tombait dans l’escarcelle communiste, c’est toute l’Europe qui suivrait ! On laisse donc le dictateur agir à sa guise… En Espagne, il continue de diviser. À sa mort en 1975, certains sont en liesse pendant que d’autres défilent en larmes devant sa dépouille. Bien que la démocratie se soit solidement installée dans le pays depuis, les nostalgiques restent nombreux. Tout comme les avenues, les places, les monuments… qui rendent toujours hommage au Caudillo. Pour le 50e anniversaire de sa disparition, le gouvernement espagnol est bien résolu à les faire disparaître. Pour tenter de tourner définitivement la page de la dictature franquiste.
Cet article est paru dans le Télépro du 30/10/2025